Un deuil terrible pour toute une communauté: la Haute-Côte-Nord va devoir guérir des blessures profondes
Les Bergeronnes | À travers la colère et l’incompréhension, toute la communauté de la Haute-Côte-Nord pleure la mort d’un seul coup de quatre enfants et d’un père de famille dans une tragédie qui laissera des traces longtemps parmi eux.
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Keven Girard, 37 ans, originaire des Bergeronnes, ses fils Jérôme et Patrick, de même que Logan et Mavrick Dufour, deux enfants de Tadoussac, ont péri dans une partie de pêche nocturne dans la nuit de samedi à dimanche, à Portneuf-sur-Mer. La fille de Keven Girard a survécu au drame. Un peu après 23 h, son père avait même publié une photo les montrant heureux d’être ensemble.
Le groupe pêchait le capelan lorsqu’il aurait été surpris par la marée. Selon des pêcheurs expérimentés, le long banc de sable de plus de quatre kilomètres peut changer de configuration selon le niveau de l’eau. Il faut donc être très attentif.
Entre mai et juin, le capelan roule par milliers sur les plages. Pour les habitués, l'attente est donc une occasion de se réunir sur la grève, puisque le banc de poissons arrive la nuit.
- Écoutez l'entrevue avec Bruno Morency, guide de pêche sur le fleuve Saint-Laurent depuis plus de 27 ans, à l’émission de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio:
Étendus au sol
Les quatre enfants ont été découverts étendus au sol tout près d’un VTT renversé. Keven Girard, pour sa part, a été repêché dans les eaux du fleuve samedi soir.
Sur une distance de 80 km, chaque citoyen ou presque est durement touché d’une manière ou d’une autre. Rien n'est plus douloureux que la disparition d'un enfant, disent les parents qui ont vécu cette terrible épreuve.
Désemparés, les proches sont restés très prudents hier sur les circonstances de l’accident. «Il ramenait peut-être les enfants en quatre roues et il s’est fait pogner dans une fosse. On ne peut pas dire ce qu’on ne sait pas, mais mon neveu ne prenait pas de boisson», a brièvement confié Carl Brassard, l’oncle de Keven Girard.
Au sein de la communauté innue d’Essipit, un membre de la famille a mentionné que le père était peut-être mort en héros, avant de décliner une demande d’entrevue. «C’est trop dur pour la famille en ce moment», a poliment expliqué la femme.
Lourd silence
Sur le perron de l’église des Bergeronnes, un lourd silence entrecoupé de sanglots planait sur l’activité de recueillement en milieu d’après-midi. Malgré la douleur, un élan de solidarité se fait sentir.
La mère de Keven Girard, et grand-mère de deux des enfants décédés, a remercié les gens présents pour leur soutien. En deuil de trois membres de sa famille, elle venait aussi d’enterrer récemment sa propre mère, selon les informations recueillies.
«Les gens voulaient se recueillir. Tout le monde a besoin de se retrouver. On se connaît tous. Mon fils a le même âge que Keven. Il est allé à l’école avec lui», a lancé la mairesse, Nathalie Ross, avec une pensée pour la mère des enfants disparus.
Une perte terrible
«La Côte-Nord écope partout. Quatre enfants pour nous, c’est beaucoup. Si on a 400 enfants de niveau primaire, c’est 1% qu’on perd. Imaginez-vous si Montréal perdait 1% de ses enfants», a-t-elle conclu.
Des intervenants seront d’ailleurs présents en milieu scolaire lundi afin d'offrir du soutien aux élèves et aux professeurs ébranlés.
«C’est terrible, ce qui s’est produit», a déclaré en matinée la ministre responsable de la région de la Côte-Nord, Kateri Champagne Jourdain.
«Mon cœur de mère est avec vous», a réagi sur Twitter la députée fédérale bloquiste de Manicouagan, Marilène Gill.
