«Est-ce qu’on va revoir notre maison?»: des évacuations émotives et difficiles à Chibougamau
La file de voitures vers Roberval s’étirait sur des dizaines de kilomètres
L’émotion était palpable chez des milliers de citoyens de Chibougamau qui ont dû faire leurs valises en catastrophe et abandonner leur maison pour évacuer la ville menacée par l’avancée des feux de forêt, dans la nuit de mardi à mercredi.
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«Ça tournait sans arrêt dans ma tête. Est-ce qu’on va revoir notre maison? Est-ce que nos proches et nos amis vont être en sécurité? Il y a eu beaucoup de larmes», raconte Nancy Desaulniers.
Mardi soir, la municipalité de Chibougamau a demandé l’évacuation complète de ses 7500 habitants vers Roberval, au Lac-Saint-Jean, en raison des feux de forêt qui gagnaient du terrain.
Déjà, la ville avait des allures d’apocalypse, recouverte d’un épais panache de fumée. Les milliers de citoyens rassemblant leurs biens et quittant la ville simultanément ajoutaient à la scène surréaliste.
«Notre quartier habituellement très calme était rempli de véhicules, c’était fou», souligne la femme de 59 ans qui ne pouvait se résigner à abandonner ses deux chiens.
Un déplacement interminable
Environ 255 km séparent Chibougamau de Roberval, soit un trajet d’environ trois heures, en temps normal. Il en aura fallu pourtant presque le triple pour de nombreux évacués qui se sont retrouvés en queue de peloton.
- Écoutez l'entrevue avec Serge Bergeron, maire de Roberval à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :
«3 h 30 du matin. Après 7 heures dans l’auto, même pas la moitié du parc [Ashuapmushuan] de fait. Ça roule à 10 [km/h]», écrit Nancy Gervais sur les réseaux sociaux.
Des images captées par de nombreux évacués montrent l’ampleur de la situation. Des files de véhicules qui s’étendent sur des dizaines de kilomètres au bas mot, pare-chocs à pare-chocs.
«C’était totalement hallucinant, je ne pensais pas voir quelque chose comme ça de mon vivant», raconte Mireilla Fortin.
Au secours des animaux
Amoureux des animaux, Mme Fortin et son conjoint Valter Murray font partie des rares qui ont fait le chemin en sens inverse depuis La Doré... pour aller récupérer des chevaux. Ils se sont butés à plusieurs barrages de policiers qui les ont finalement laissés passer.
«Des gens demandaient de l’aide pour évacuer leurs bêtes. On adore les animaux, on ne pouvait pas les laisser à eux-mêmes, ce n’était même pas une question», explique celle qui possède une écurie avec une trentaine de chevaux.
Après une nuit blanche et un aller-retour de plus de 10 heures, le couple est finalement de retour à la maison. Mais il réfléchit à la possibilité de retourner à Chibougamau, étant donné que d’autres propriétaires de fermes équestres appellent à l’aide.