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Feux de forêt à Chibougamau: «Si je perds toutes mes affaires, je capote»

Même en sécurité, les milliers de citoyens vivent des émotions en montagnes russes

Mario Gagné
Mario Gagné PHOTO AGENCE QMI, ROGER GAGNON


ROBERVAL | Même si l’évacuation de milliers de personnes s’est faite en évitant la panique, plusieurs citoyens angoissés ignorent quand ils pourront rentrer à la maison, ni dans quel état sera leur résidence à leur retour.

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Pour les citoyens de Chibougamau, cette évacuation nocturne restera longtemps gravée dans la mémoire collective. 

«C’était plus qu’une pratique générale. Ça méritait un Oscar», a lancé la mairesse Manon Cyr, fière de son équipe. 

Après avoir dû faire leurs valises en catastrophe et abandonner leur maison, la plupart vivent toutefois des émotions en montagnes russes. 

«J’ai juste mon pick up. Si je perds toutes mes affaires, je capote», a lancé Mario Gagné, qui pourrait aussi perdre son emploi aux Chantiers Chibougamau. 

«Est-ce qu’on va revoir notre maison? Est-ce que nos proches et nos amis vont être en sécurité? Il y a eu beaucoup de larmes», a raconté Nancy Desaulniers. 

Scène surréaliste

Mardi soir, la municipalité de Chibougamau a demandé l’évacuation complète de ses 7500 habitants vers Roberval, au Lac-Saint-Jean. La ville avait des allures d’apocalypse, recouverte d’un épais panache de fumée. Les milliers de citoyens quittant la ville simultanément ajoutaient à la scène surréaliste. 

Environ 255 km séparent Chibougamau de Roberval, soit un trajet d’environ trois heures, en temps normal. Pour de nombreux évacués qui se sont retrouvés en queue de peloton, il a fallu près de neuf heures, pare-chocs à pare-chocs. 

«C’était totalement hallucinant, je ne pensais pas voir quelque chose comme ça de mon vivant», raconte Mireilla Fortin. 

«J’ai hâte de retourner faire mon jardin», a mentionné Pierrette Simard, allongée sur un lit de camp du Centre sportif Benoît-Lévesque. 

Mario Gagné
Pierrette Simard et Richard Bourassa PHOTO AGENCE QMI, ROGER GAGNON

Patience

Loin de chez eux, les gens devront toutefois être patients. «Je n’ai pas de boule de cristal, mais actuellement, ce qu’on me dit, ça ne sera certainement pas avant samedi qui vient parce qu’il y a encore trop d’incertitude», a précisé la mairesse Cyr. 

Dans la communauté autochtone d’Opitciwan, au nord-ouest de La Tuque, d’autres personnes ont aussi été transportées vers Roberval par autobus. Plusieurs d’entre eux sont à mobilité réduite ou souffrent d’une maladie chronique. 

«Ça se passe bien mais il y a beaucoup de monde anxieux. Ils ont peur, mais on fait notre possible pour être rassurant. On espère que ça ne sera pas trop long», a ajouté le chef Jean-Claude Mequish. 

Adaptation

Plusieurs professionnels du domaine de la santé ont également été forcés de s’adapter rapidement. 

Évacué de Chibougamau avec sa famille de trois enfants, le pharmacien Frédéric Duchesne a aussitôt repris le boulot à Roberval pour aider les siens. «Ils nous ont fait une place de choix dans leur équipe. Nous sommes débarqués quatre pharmaciens avec eux. On se sent en contrôle et l’objectif est que personne ne manque de rien.» 

À Saint-Félicien, où des citoyens de Chapais pourraient se présenter jeudi matin au Cégep, la solidarité se fait déjà sentir. 

En soirée mercredi, la mairesse de Chapais a suggéré une évacuation volontaire, mais fortement recommandée pour les gens avec une santé fragile.

«On est prêt. Dans les régions, on sait que les gens sont sensibles aux besoins des autres. Un plan, c’est comme une roue de secours dans une auto. On ne veut pas s’en servir, mais il faut l’avoir!», a conclu Luc le maire Luc Gibbons. 

- Avec Nicolas St-Pierre, Diane Tremblay, Jérémy Bernier

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