Attention, utiliser un prêt rapide pour rembourser ses dettes, c’est très risqué
Récemment, on a vu apparaître au Québec des annonces proposant des consolidations autres que bancaires, offertes par des organismes immatriculés dans d’autres provinces. Celles-ci font miroiter un prêt remboursable sur une période de plusieurs mois moyennant des frais.
Vous songez à y avoir recours?
Avant de prendre votre décision, lisez l’histoire de Laurence, mère monoparentale de deux enfants de 12 et 15 ans, endettée de 37 000 $.
Un budget déficitaire
Séparée il y a peu, Laurence a dû se reloger et se remeubler et a cessé de travailler temporairement. Actuellement, elle reçoit des prestations d’assurance invalidité de 4000 $ en plus d’une pension alimentaire et d’allocations familiales, pour un total mensuel de 4500 $. Après la vente de la résidence familiale, elle a utilisé la somme obtenue pour acheter une maison plus modeste près de l’école des enfants. Mais son endettement s’est creusé et atteint désormais 25 000 $, auxquels s’ajoutent 12 000 $ en dettes d’impôt.
Les obligations mensuelles de Laurence sont principalement les suivantes :
- Hypothèque et taxes : 2525 $
- Électricité, cellulaire, épicerie et automobile : 1500 $
- Remboursement de cartes de crédit et prêts : 875 $ (n’inclut pas le remboursement des impôts)
Au total, elle doit donc débourser 4900 $ par mois et ne parvient pas à boucler son budget.
À bout de solutions, elle a répondu à une annonce offrant une «consolidation» autre que bancaire avec un organisme immatriculé en Ontario.
Bien peser le pour et le contre
«Avant d’accepter, Laurence est venue nous rencontrer pour comprendre quelles sont les différences entre la proposition de consommateur et ce type d’entente, ainsi que les avantages et inconvénients de chaque solution», indique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité et président de Jean Fortin et Associés.
L’organisme a offert à Laurence de rembourser ses dettes de cartes de crédit et prêts de 25 000 $, à raison de versements mensuels de 530 $, plus 59 $ par mois d’honoraires. Mais cela n’inclut pas la dette d’impôt de 12 000 $, car l’organisme n’a pas d’entente avec les gouvernements et Laurence devra donc s’entendre elle-même avec eux.
Peu présent au Québec, ce type d’offre est très différent de la proposition de consommateur prévue à la loi. Ainsi, elle n’englobe que les créanciers qui acceptent de faire affaire avec l’organisme. De plus, chaque créancier doit adhérer à l’entente et il faudra payer à part ceux qui auront refusé.
Avec une proposition en revanche, tous les créanciers non garantis font partie de l’entente et le vote d’une majorité les oblige à tous se soumettre à la proposition.
Autre différence importante : chaque créancier peut réclamer ou non un taux d’intérêt sur sa dette, alors qu’avec une proposition, aucun taux d’intérêt ne s’applique.
Avec ces offres de consolidation non bancaires, le paiement mensuel est fixé en fonction du niveau des dettes incluses dans l’entente. En proposition, le paiement mensuel est plutôt déterminé par la situation financière et la capacité de payer. C’est pourquoi une proposition n’offre fréquemment aux créanciers qu’une fraction du montant des dettes.
Les honoraires de l’organisme sont fixés par eux et payés par le client, en plus des montants à rembourser. De plus, il est prévu qu’ils peuvent recevoir des montants d’argent de la part des créanciers, mais sans avoir à dévoiler combien. En proposition, les honoraires sont payés par les créanciers et régis par la loi.
Enfin, sachez que la cote de crédit (R-7) sera la même avec une consolidation de ce type ou une proposition de consommateur, et ce, même si vous remboursez 100 % de vos dettes.
Chaque cas est unique
«Chaque situation est unique. Ce n’est pas parce qu’un ami a consolidé ses dettes que c’est la meilleure solution pour vous. Toutes les solutions ont des avantages et inconvénients qu’il faut évaluer soigneusement, car vous devrez vivre avec votre décision pendant plusieurs années», recommande Pierre Fortin.
Dans le cas de Laurence, elle a plutôt opté pour une proposition de consommateur à raison de 400 $ par mois pendant 60 mois (24 000 $) sans intérêt, afin de régler l’ensemble de ses dettes, incluant les impôts. Elle pourra aussi conserver sa maison, ses meubles et sa voiture.
Conseils
Une solution peut nous sembler intéressante, mais lorsqu’on l’analyse attentivement, on constate des désavantages et lacunes. S’assurer que la solution inclut toutes les dettes et non seulement une partie est la première étape.
Prenez le temps d’évaluer toutes vos options et consultez des professionnels spécialisés en finances personnelles.