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Crise du logement: ça prend une vraie solution avant la crise sociale

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Photo stock.adobe.com (JuanLurduy)


Lundi le 5 juin, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) a présenté une nouvelle étude intitulée Bâtir plus, plus vite et mieux : pour une stratégie de densification intelligente du Grand Montréal qui répond aux besoins d’habitation.  

Ce dépôt donnait suite au dévoilement des résultats d’une autre étude, celle-ci menée par Desjardins et la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), laquelle nous apprenait tout récemment que la hausse du loyer moyen pourrait normalement atteindre 30% dans les trois prochaines années à Montréal.  

Si le prix des loyers augmente si rapidement, la loi économique est claire : c’est que la demande croît plus rapidement que l’offre.  

Taux de natalité 

Par ailleurs, les démographes l’ont démontré par le passé : l’augmentation de la demande de logements à Montréal ne s’explique pas par un haut de taux de natalité ou par le pouvoir d’attraction exceptionnel de la Métropole vis-à-vis les autres régions du Québec. Dans les faits, le taux de natalité des Québécois est parmi les plus faibles au monde et l’exode urbain a fait perdre plus de 400 000 personnes à Montréal dans ses échanges entre les régions depuis 2001.  

Bien que ce soit encore mal vu de nommer cette part du réel, si le prix des loyers augmente à un rythme indécent à Montréal, c’est en bonne partie en raison de l’immigration.  

D’ailleurs, ce ne sont pas seulement les nationalistes conservateurs qui le répètent depuis des années – malgré les risques qu’ils courent en rodant autour de cette question encore à ce jour exagérément moralisée et chatouilleuse face au décret des bons sentiments. C’est aussi Desjardins et la SCHL. Et c’est aussi la Banque royale qui a également publié un rapport documentant les liens entre l’immigration et la crise du logement au printemps dernier.  

La CCMM devrait peut-être elle aussi suivre le pas de la raison.  

Densification de la ville 

On comprend évidemment que ses membres sont généralement favorables à l’immigration car plus les seuils sont élevés, plus ils disposent d’un bassin important de travailleurs. Mais lorsqu’elle se mêle d’habitation, la CCMM ne semble pas se préoccuper de la qualité de vie des Montréalais. Les quinze recommandations publiées sur son site Internet en début de semaine témoignent de ce manque de sensibilité. La CCMM n’en a que pour la densification de la ville et la construction de nouveaux logements. Comme si nous étions une majorité à Montréal à vouloir vivre plus à l’étroit et qu’il n’y avait pas déjà suffisamment de chantiers.  

Mais il y a peut-être pire que ce programme tout sauf plébiscité par la population.  

Devant la hausse prévue de 30% du prix des loyers à Montréal et l’ébullition de la demande, la CCMM va même jusqu’à se couvrir de ridicule en recommandant plus d’immigration ! Si celle-ci est qualifiée en construction, affirme-t-elle, on pourra ainsi bâtir plus de nouvelles habitations et rétablir un juste équilibre entre l’offre et la demande. Dans le domaine de la pirouette, c’est assez réussi pour ces fanatiques de la croissance.  

Dans un peu moins d’un mois, à la manière d’une déplorable tradition, la crise du logement reprendra ses droits dans l’actualité. Avant qu’elle ne se transforme en véritable crise sociale, il serait grand temps que tous les acteurs du milieu, y compris la CCMM, osent en discuter de bonne foi, sans agenda politique.  

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Photo Pierre-Paul Poulin

Rémi Villemure, Auteur et étudiant à la maîtrise en histoire





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