Le rapporteur spécial David Johnston démissionne
Le rapporteur spécial sur l’ingérence étrangère David Johnston a annoncé sa démission vendredi soir, quelques jours après avoir tenté de convaincre le Parlement qu’il était la bonne personne pour mener à bien l’enquête que lui avait confiée Justin Trudeau.
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Dans une lettre destinée au premier ministre, M. Johnston dénonce «le climat hautement partisan» entourant sa nomination et reconnaît que, plutôt d’avoir sécurisé la confiance dans les institutions démocratiques, celle-ci a eu «l’effet opposé».
Il affirme du même coup qu’il déposera un «bref rapport final» d’ici la fin juin.
«Je vous encourage à nommer une personne respectée, dotée d’une expérience en sécurité nationale, pour réaliser le travail que j’ai recommandé dans mon premier rapport. Idéalement, vous devriez consulter les partis de l’opposition afin de déterminer des candidats appropriés pour diriger cet effort», explique-t-il.
Rappelons que les trois partis d’opposition étaient unanimes dans leur demande à l’effet que le choix du rapporteur spécial devrait être du ressort du Parlement en entier, non seulement des libéraux.
Peu après la nouvelle, le bureau de Justin Trudeau a remercié pour son travail M. Johnston, «un fonctionnaire accompli».
«Le gouvernement reste déterminé à prendre des mesures pour protéger nos institutions et maintenir la confiance des Canadiens dans notre démocratie. Il annoncera les prochaines étapes en temps voulu», a fait savoir le Bureau du conseil privé, le ministère du premier ministre.
Invité à témoigner en comité parlementaire plus tôt cette semaine, M. Johnston assurait avec aplomb qu’il resterait en place pour compléter sa mission jusqu’au bout.
Ses explications n’ont pas satisfait les partis d’opposition, qui continuaient de réclamer son départ ainsi qu’une enquête publique.
Jeudi, M. Johnston coupait les ponts avec la firme de relations publiques Navigator, qu’il avait embauchée pour l’aider à traverser la crise de confiance à son égard, rapportait le Globe & Mail.
- Écoutez le segement LCN avec Richard Martineau et Jean-François Guérin, entre autres au sujet de David Johnston, via QUB radio :
Les partis de l’opposition soulagés
La nouvelle a provoqué une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux, où les députés des partis de l’opposition ont exprimé leur soulagement.
Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois, a salué une décision «digne», tandis que Jagmeet Singh a indiqué que M. Johnston avait «fait ce qu’il fallait» en jetant l’éponge.
M. Blanchet et de nombreux conservateurs ont indiqué que Justin Trudeau n’avait d’autre choix que de lancer une enquête publique et de consulter les partis de l’opposition pour choisir un successeur.
«Justin Trudeau devrait faire ce qu’il se doit, lancer une enquête publique et indépendante, en collaboration avec les oppositions», a déclaré le conservateur Pierre Paul-Hus.
«Maintenant, c’est à la chambre de choisir un rapporteur qui nous permettrait de faire la lumière sur l’ingérence étrangère. Pas un ami du premier ministre. Pas un ami de la fondation Trudeau. Un rapporteur indépendant!», a lancé Alain Therrien, leader parlementaire du Bloc.