Il faut mettre dehors les événements indésirables: la ministre Proulx a raison!
Parent

La décision de la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, d’éjecter du Centre des congrès de Québec un rassemblement défavorable au droit à l’avortement a beaucoup fait jaser.
Après un appui unanime et spontané des partis politiques, on en a vu certains se repositionner, à la lumière des éditoriaux et des chroniques sur le droit à la libre expression.
J’étais de ceux qui ont accueilli positivement la décision de la ministre, dans un contexte où le droit à l’avortement est malmené dans plusieurs contrées occidentales, notamment aux États-Unis.
J’avoue que le précédent m’a rendu perplexe, et encore plus quand le premier ministre Legault a laissé entendre qu’il pourrait y avoir d’autres interdictions qui seraient évaluées au cas par cas.
Malgré cela et les holà sur la liberté d’expression, je crois encore que la décision de la ministre est la bonne et qu’elle envoie un message clair de l’État québécois sur le droit à l’avortement.
De telles décisions devront toutefois être prises dans l’avenir avec un cadre de référence appuyé par un large consensus de l’Assemblée nationale.
Un droit malmené
Le combat de Morgentaler n’est pas terminé quand on observe nos voisins étatsuniens et quelques pays européens qui réduisent ou remettent en question l’accès à l’avortement. Les attaques sont vives et pernicieuses.
Au Canada, il y a un fond latent chez les conservateurs contre le droit à l’avortement, et celui-ci émerge sous différentes formes de temps à autre.
Le Canada, et par conséquent le Québec, est loin d’être à l’abri d’un certain intégrisme religieux. On a pu l’observer dans les manifestations contre les mesures sanitaires avec la présence de symboles religieux et l’apport de financement d’églises étatsuniennes.
C’est pourquoi nos gouvernements ne doivent pas laisser place à l’ambiguïté et doivent afficher une certaine intransigeance face à une remise en question de ce droit des femmes de pouvoir disposer de leur corps.
On ne voudrait pas revenir à des épisodes similaires à ce qu’a vécu Chantal Daigle.
La libre expression
La ministre Proulx a annulé un contrat du Centre des congrès avec l’organisme Harvest Ministries International.
Elle n’a pas bouté du Québec cet organisme. Celui-ci peut toujours tenir son événement dans des installations privées ou manifester dans les rues.
Le gouvernement a tout simplement statué qu’une de ses institutions ne servira pas d’abri à un groupe qui s’en prend à un droit qui fait largement consensus dans la société québécoise.
La ministre ne laissait ainsi aucune place à l’ambiguïté sur la position de son gouvernement à l’égard du droit à l’avortement.
Le refus de louer des installations publiques à des organismes doit néanmoins être rarissime et bien balisé par des repères qui obtiennent l’adhésion d’un large éventail des partis politiques et de la société civile.
La libre expression est un droit fondamental, il arrive cependant que l’État doive parfois s’ériger en rempart. Caroline Proulx l’a fait!