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Former plus de psychologues ne sert à rien s’ils ne restent pas dans le secteur public

psychologist consulting indian man, writing notes during psychological therapy session
Photo Adobe Stock


Soyons clairs : si on ne règle pas les problèmes d’attraction et de rétention des psychologues dans le réseau public, les recommandations concernant les psychologues contenues dans le rapport du groupe de travail sur l’optimisation de la formation en psychologie, présidé par Hélène David ne pourront pas être mises en œuvre.   

Nous n’arriverons pas à former plus de psychologues s'il n’y a pas davantage de superviseurs. Et même si on y arrivait, cela ne réglerait aucunement le problème d’accessibilité aux psychologues s’ils évitent ou quittent le secteur public. 

De fait, il ne sera pas possible de former la relève sans augmenter le nombre de psychologues dans le réseau public. Les étudiants peinent déjà à trouver des superviseurs de stage. L'exode du réseau public vers le secteur privé est rapide.  

Rétention de personnel 

Pour régler ce problème, une des solutions suggérées par le ministre Carmant est l’instauration d’une bourse de 25 000$ pour les nouveaux psychologues qui s’engagent à rester 2 ans dans le réseau public. Bien qu’il s’agisse d’une belle initiative, il faut garder en tête que pour superviser, les psychologues doivent avoir au moins deux ans d’expérience dans un domaine de pratique. Avec les conditions salariales actuelles, comment s’assurer de garder nos psychologues plus de 2 ans pour qu'ils puissent former la relève? Comment y parvenir alors que leurs salaires diminueront significativement au bout de 2 ans quand ils n’auront plus la bourse? 

Plus de 40% des psychologues quittent le réseau public dans les 5 à 6 premières années de pratique pour travailler dans le secteur privé. Ce n’est pas avec une bourse de 2 ans qu’on les retiendra. 

La Coalition des psychologues du réseau public québécois se réjouit de la vision du rapport David et des propos du ministre Carmant en lien avec l’importance d’attirer et de garder les psychologues dans le réseau. Elle est aussi reconnaissante de l’offre différenciée du gouvernement dans les négociations en cours. Toutefois, le 7,5% d’augmentation offerte est loin de combler l’écart de 44,3% avec le secteur privé et de 57% avec les psychologues du réseau public de l’Ontario. 

Conditions de travail 

Est-il normal que, dans le réseau public, le détenteur d’un doctorat qui entre sur le marché du travail vers 30 ans gagne moins de 2$ de l’heure de plus qu’un détenteur de baccalauréat en psychologie qui commence à travailler vers 22 ans? ll est évident que la représentation syndicale des psychologues et les conditions de travail doivent être améliorées rapidement. 

La plupart des étudiantes au doctorat en psychologie, soit 85%, souhaitent travailler dans le réseau public à la fin de leurs études (CPRPQ, 2022). Comme les psychologues d’expérience que nous nous devons de retenir, elles ont sincèrement à cœur de contribuer au bien-être de la population et des gens les plus vulnérables. Pour la pérennité des soins psychologiques dans notre réseau, agissons rapidement.  

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Photo fournie par Karine Gauthier

Karine Gauthier, psychologue et neuropsychologue, Présidente de la Coalition des psychologues du réseau public québécois





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