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Abolir la 6e année pour contrer la pénurie d’enseignants?

Cette avenue mérite d’être envisagée, selon des experts et intervenants du réseau scolaire



Faut-il aller jusqu’à raccourcir le parcours scolaire d’un an, en abolissant la 6e année ou la première secondaire, pour contrer la pénurie d’enseignants? Cette solution «audacieuse» proposée par une ex-directrice d’école gagne des adeptes. 

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Yolande Brunelle, qui a aussi été superviseure de stages à l’UQAM, estime que le temps est venu de réfléchir à cette avenue, considérant la gravité de la situation.

Même si elle peut paraître «dérangeante» à première vue, cette solution permettrait de régler plusieurs enjeux tout en améliorant la réussite des élèves, affirme-t-elle.

Lorsqu’on compare le Québec à d’autres systèmes éducatifs, dont la France et d’autres provinces canadiennes, on constate d’abord que les élèves québécois restent une année de plus sur les bancs d’école avant d’entrer à l’université.

Avec l’arrivée de la maternelle 4 ans et la pénurie, il devient tout à fait pertinent de s’interroger sur la durée du parcours scolaire québécois, indique Mme Brunelle. 

  • Écoutez l'entrevue avec Yolande Brunelle, ex-enseignante, ancienne directrice d’école primaire et superviseure de stage à l’UQAM à l’émission d’Alexandre Dubé via QUB radio :

3500 profs de plus

Abolir la sixième année, en répartissant les apprentissages en cinquième année et en première secondaire, permettrait d’abord de «libérer» environ 3500 enseignants qui pourraient assurer une éducation de qualité et intervenir plus intensivement auprès des élèves en difficulté, dès le début du primaire. Davantage de professionnels seraient aussi disponibles pour intervenir auprès de ces jeunes. 

«On augmente la quantité d’enseignants, mais on ne le fait pas au détriment de la qualité de l’enseignement, au contraire. Ça permettrait de rendre le parcours scolaire plus efficace» et motivant pour les élèves, tout en réglant plusieurs enjeux reliés au manque de locaux, affirme Mme Brunelle.

Martin Maltais, qui est professeur à l’UQAR, considère aussi qu’il s’agit là «d’une voie de passage» permettant de régler «complètement» le problème «criant» de la pénurie d’enseignants. 

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, devrait l’envisager sérieusement, affirme-t-il. «Je ne vois pas pourquoi les jeunes au Québec devraient faire une année de scolarité de plus avant d’entrer à l’université», lance M. Maltais.

À l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire, on considère aussi qu’il s’agit là d’une idée «intéressante et audacieuse» qui mérite d’être analysée dans le cadre d’une réflexion en profondeur.

Sa présidente, Kathleen Legault, estime qu’il faut d’abord envisager cette avenue du point de vue de l’élève, en se demandant si ceux de sixième année ont encore leur place dans une école primaire. 

«Les jeunes ont beaucoup changé au cours des 20, 30 dernières années et aujourd’hui, peut-être que l’encadrement des écoles primaires ne convient plus aux élèves de sixième année. Souvent, ça les démotive», dit-elle.

Cette solution à la pénurie permet par ailleurs de ne pas baisser les attentes par rapport à la qualité de la formation des enseignants, une avenue mise de l’avant par le ministre Drainville qui «inquiète beaucoup» Mme Legault.

De son côté, Yolande Brunelle considère qu’il est tout à fait possible d’arriver à mettre ces changements en place assez rapidement.

«Quand la volonté politique est là, tout se fait», lance-t-elle.

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