/entertainment/music
Publicité

Le retour d’Éric Lapointe suscite excitation et malaises



Éric Lapointe a-t-il encore sa place dans le showbiz québécois? Son retour sous les projecteurs avec un nouvel album excite autant ses admirateurs qu’il rend mal à l’aise ses détracteurs.

• À lire aussi - Éric Lapointe au Capitole de Québec: né pour vivre et mourir sur la scène

• À lire aussi - Entrevue exclusive avec Éric Lapointe: «Je pense que j’ai encore ma place»

«Tout ça a complètement été banalisé; c’est comme s’il ne s’était rien passé», déplore Sylvie Saint-Amand, présidente de la Fédération des femmes du Québec. «Ça ne nous convient pas. Nous sommes déçues, mais pas surprises», ajoute-t-elle. 

  • Écoutez le segment judiciaire avec Félix Séguin via QUB radio :

Cette indignation est liée aux accusations de voies de fait en matière de violence conjugale portées contre la rock star, en septembre 2019, auxquelles il a plaidé coupable en octobre 2020 avant de recevoir une absolution conditionnelle assortie d’une probation d’un an. 

Lapointe ne s’était pas complètement effacé de la sphère publique à la suite de ces événements, mais ses apparitions des dernières années ont été beaucoup moins publicisées qu’à son habitude. 

DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC

Un amour inconditionnel

Dans les dernières semaines, Le Journal s’est entretenu avec des amoureux de la rock star en provenance d’un peu partout en province. La réponse a été sans équivoque; cet album était fortement attendu, mais surtout par Geneviève Rousseau, qui est présentement en attente d’une opération pour se faire retirer une tumeur au cerveau. 

Atteinte de la maladie de Cushing, Geneviève trouve de la force dans la musique d’Éric Lapointe. 

«Savoir qu’il y a un nouvel album me donne une raison de m’accrocher et de garder le moral», affirme celle qui a assisté à plus qu’une quarantaine de concerts du chanteur de Montréal. 

Pour Stéphanie Chabot, de Québec, les albums de «Ti-Cuir» sont le remède parfait pour reconstruire un cœur brisé. 

«Sa musique m’a beaucoup aidée à traverser mes peines d’amour», note Stéphanie, qui a même le titre Jusqu’au bout tatoué sur sa personne. 

Samedi soir, lors du lancement officiel de l’album, le chanteur s’est présenté devant un Capitole plein à craquer d’admirateurs qui buvaient ses paroles. 

• Lisez la chronique de Sophie Durocher - Éric Lapointe: pas n'importe quoi

Différencier l’œuvre et l’artiste

«Que ce soit lui [Éric Lapointe] ou un autre; il faut séparer la vie privée de la vie professionnelle», soutient Mathieu Bureau, un admirateur en provenance de Gatineau. 

«[ses problèmes avec la justice] Ça n’enlève rien à son talent et à la bête de scène qu’il est», affirme pour sa part Stéphanie Chabot.

«On ne peut pas bouder tous les artistes qui ont fait des crimes», ajoute quant à elle Geneviève Rousseau. 

Selon Mme Saint-Amand, de la Fédération des femmes du Québec, la réflexion doit être poussée plus loin et porter davantage sur les victimes. 

«Les victimes n’ont pas le privilège de pouvoir séparer l’œuvre de l’artiste», soutient-elle. «Même si le temps a passé et que l’agresseur a travaillé sur lui-même, c’est primordial d’avoir le pouls des victimes dans tout ça; il faut s’assurer qu’il y ait eu reconnaissance des torts et une certaine réparation des dommages», ajoute Mme Saint-Amand. 

Même si Lapointe a avoué ses torts devant les tribunaux et qu’il a «fait face à la musique», comme il a mentionné au Journal en entrevue vendredi, la Fédération des femmes du Québec juge que la leçon à tirer de cette saga est loin d’être positive. 

«Ça envoie le message que même si tu es reconnu coupable de gestes violents, tu peux quand même t’en tirer sans dommages.»

Sauvé par son image de rebelle

Selon Marc D. David, professeur au département de communications de l’Université de Sherbrooke et spécialisé dans la gestion de la réputation et la gestion de crises, l’image de mauvais garçon que cultive Lapointe depuis le début de sa carrière l’a aidé à amortir la controverse dans laquelle il a été impliqué en 2019-2020. 

«Il a déjà accumulé un capital de rebelle avec les années [...] je pense que ça a aidé sa carrière à s’en remettre après les incidents», analyse-t-il. «Selon moi, il aurait eu beaucoup plus de difficulté [à s’en remettre] s’il n’avait pas cette image-là.»







Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.