La prison de Rimouski a perdu des clés de ses cellules
Le trousseau a été égaré il y a maintenant deux semaines
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La prison de Rimouski a perdu un trousseau de clés donnant accès à des cellules, une situation qui soulève l’indignation chez les agents carcéraux qui craignent maintenant pour leur sécurité.
Un trousseau de clés aurait en effet disparu le 31 août dernier, selon des sources du milieu carcéral qui ont alerté notre Bureau d’enquête à cet effet. La situation est d’autant plus inquiétante que l’une des clés donnerait notamment accès aux cellules utilisées pour accueillir des détenus en crise, agressifs, suicidaires et en confinement.
« Ça n’a aucun bon sens », réagit l’une de nos sources, sous le couvert de l’anonymat, car il n’est pas autorisé à parler aux médias.
Aucune fouille
Dans de telles circonstances, les mesures de sécurité en place auraient milité pour une fouille rapide des détenus, des cellules, des aires de déplacement et de tout lieu fréquenté par les détenus, selon Philippe Bensimon, un criminologue-expert qui a travaillé une vingtaine d’années au Service correctionnel Canada.
« La disparition d’une clé est un incident grave », tranche sans hésitation M. Bensimon. « Il faut contrôler tous les déplacements, incluant ceux du personnel. Personne n’entre et personne ne sort de la prison », insiste l’expert.
L’un des objectifs de cette fouille complète est d’assurer l’intégrité physique du personnel et des détenus. Après quoi, ce genre d’incident conduit « automatiquement » à une enquête interne, poursuit-il.
Or, rien de tout cela n’aurait été fait.
« C’est très inquiétant qu’il n’y ait pas eu de fouille généralisée dès la disparition » soulève le président du syndicat des agents de la paix en services correctionnels (SAPSCQ), Mathieu Lavoie.
« Notre sécurité n’a aucune importance pour la direction », renchérit une autre de nos sources.
Le ministère se veut rassurant
Questionné par notre Bureau d’enquête, le ministère de la Sécurité publique reconnaît que le trousseau est toujours égaré. La direction de la prison se montre toutefois rassurante.
« [Les clefs] ne permettent aucunement l’accès à l’extérieur de l’établissement ou à des endroits stratégiques », a tenu à préciser la relationniste Louise Quintin, qui ne croit pas que ces clefs soient en la possession d’un des détenus. Elle n’a toutefois pas été en mesure de le confirmer.
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Le ministère ajoute que certaines recherches et fouilles ont été effectuées, sans en préciser la nature. D’autres fouilles sont aussi planifiées, avance la porte-parole, qui n’a toutefois pas donné plus de précision sur leur étendue ni sur le moment où elles devraient avoir lieu.
Le président du SAPSCQ souligne que plusieurs gestionnaires de prisons se montrent de plus en plus hésitants à faire des fouilles généralisées, de crainte de porter atteinte aux droits des détenus.
Mathieu Lavoie prévient aussi que si le trousseau devait demeurer introuvable, le ministère pourrait être forcé de changer toutes les serrures visées, un processus qui peut prendre quelques mois.
Avec Félix Séguin