/news/currentevents
Publicité

Présumé espion chinois: l’accusé aurait utilisé un partenaire de l’Agence spatiale canadienne pour aider la Chine

Son procès pour abus de confiance s’est ouvert au palais de justice de Longueuil



Un ancien ingénieur de l’Agence spatiale canadienne accusé d’être un espion chinois aurait profité d’un proche collaborateur à l’organisation fédérale pour avoir accès à la première dame d’Islande, afin d’implanter dans le pays nordique un projet d’envergure.

C’est ce que nous avons appris au procès de Wanping Zheng, accusé d’abus de confiance. On lui reproche d’avoir utilisé son statut d’ingénieur au sein de l’Agence spatiale canadienne pour négocier des ententes d’installation de stations-relais destinées à communiquer avec des satellites en Islande.  

Selon la Couronne, l’accusé âgé de 63 ans a « déployé des efforts considérables pour servir les intérêts de Spacety en tentant de convaincre deux chefs d’entreprise dans l’industrie de l’espace de travailler sur des projets », a résumé ce matin le procureur de la Couronne, Me Marc Cigana, décrivant ce dossier comme « hors du commun ».

L’accusé, caché derrière son avocat, Me Andrew Barbacki. Photo Toma Iczkovits / Agence QMI

Bonne connexion

Spacety, pour laquelle travaillait alors Wanping Zheng, est une compagnie aérospatiale « enregistrée, opérée et située » en Chine, a précisé Me Cigana à l’attention du juge Marc-Antoine Carette. 

En juillet 2018, il avait écrit un courriel à Ewan Reid, président-directeur général de Mission Control Services, une compagnie canadienne d’exploration spatiale et de robotique, mais aussi un partenaire de l’ASC. 

Si l’accusé lui a écrit, c’est parce qu’il espérait avoir un accès direct au gouvernement islandais. M. Reid a effectivement un très bon lien : sa sœur est mariée au président du pays, a expliqué le témoin au palais de justice de Longueuil.  

« Cela pourrait être bénéfique à l'Islande », lui avait écrit l'accusé.

Ce message avait été écrit avec l'adresse courriel personnelle de Wanping Zheng. 

Ce dernier espérait installer en Islande une station terrestre, qui permet aux opérateurs de contrôler des satellites dans l’espace, d’envoyer des instructions et de recevoir des données. 

Une série de courriels échangés entre l’accusé et M. Reid a été déposée en cour. Dans les échanges, M. Zheng précise plus d’une fois qu’il espère procéder rapidement, entendant compléter le projet en quelques mois. 

Un délai réaliste, mais « agressif », a précisé M. Reid.

Des projets au Canada ?

Lors d’un des échanges, où d’autres personnes sont impliquées, l’accusé aurait précisé travailler pour l’ASC. 

Un commentaire qui avait surpris Ewan Reid, puisqu’à sa connaissance le projet en Islande n’avait « rien à voir » avec l’ASC. 

L’accusé a aussi mentionné la possibilité d’installer des stations terrestres au Canada. 

La collaboration entre M. Reid et Wanping Zheng ne s'est pas concrétisée, puisque le premier a vu des drapeaux rouges s'élever et considérait alors le projet comme « louche ». Au fil des communications, M. Reid a dit comprendre que sa compagnie ne serait pas impliquée dans l'installation et l'opération de la station, et que son seul apport au projet était plutôt en lien avec ses relations avec le gouvernement islandais. 

Selon lui, M. Zheng croyait que M. Reid pouvait avoir une influence en Islande, ce qui est faux, a insisté le témoin.

Au moment des faits reprochés, Wanping Zheng était à l'emploi depuis plus de 25 ans pour l'ASC, mais était alors en congé sans solde. Après avoir été informé qu'il était la cible d'une enquête interne, il s'était retrouvé en congé de maladie, jusqu'à sa démission en septembre 2019. 

L'homme a été arrêté par la Gendarmerie royale du Canada deux ans plus tard. 

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.







Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.