La politique de père en fille pour Marie-Anik Shoiry
Gagnon

- Dans le cadre de mes grandes entrevues publiées les mardis et afin de permettre aux gens de mieux les connaître, j’ai rencontré les candidats (es) des quatre grands partis représentés à l'Assemblée nationale, dans le cadre de l'élection partielle dans Jean-Talon.
Avocate, entrepreneure, mais aussi fille d’un ex-maire de Sillery et ex-chef de l’opposition à Québec, Marie-Anik Shoiry a vu la politique s’inviter très tôt dans sa vie. Elle tente pour une première fois sa chance comme candidate, pour la CAQ dans Jean-Talon.
« J’ai toujours eu un intérêt pour la politique, mais je ne me suis jamais dit : "Un jour, je vais faire de la politique". Ça n’a jamais été comme un plan de carrière », lance la fondatrice de Vide ta sacoche, organisme à but non lucratif qui collecte et distribue des produits d’hygiène à des personnes vulnérables.
Attablée dans un café de l’avenue Maguire, Mme Shoiry raconte que ce secteur l’a vue grandir et qu’elle y a occupé plusieurs emplois d’étudiante. « C’est vraiment mon coin », dit-elle, ajoutant qu’elle a aussi des origines libanaises.
« Ma grand-mère nous fait encore de la nourriture libanaise. J’ai les recettes, mais je pense que je ne peux pas battre ma grand-mère », raconte-t-elle en riant.
Valeurs familiales
Pour en revenir à la politique, la jeune femme se souvient très bien aussi du moment où son père, Paul Shoiry, a décidé de se porter candidat pour devenir conseiller municipal indépendant à Sillery. Il deviendra ensuite maire de Sillery, jusqu’en 2002.
« Ses dépliants étaient en noir et blanc », se souvient-elle, soulignant à quel point elle était fière de cet engagement envers la population. « Ça fait partie des valeurs que mes parents m’ont transmises », dit-elle.
À l’époque, la politique était bien différente. Il n’y avait pas de médias sociaux. Et il n’était pas rare que des citoyens appellent directement à la maison pour parler de leurs problèmes avec son père. « C’était de la politique de proximité. J’ai vécu ça toute mon adolescence et j’ai de beaux souvenirs. »
Pire épreuve
Même s’il travaillait fort, son père était toujours présent, et sa mère s’impliquait aussi à ses côtés. Cette dernière a été emportée par un cancer à l’âge de 53 ans, en 2010. « Ç’a été sûrement l’épreuve la plus difficile de ma vie, confie la jeune femme. C’était le socle de notre famille. »
L’épreuve, ajoute-t-elle, lui « a fait réaliser qu’il faut profiter de la vie et faire ce qu’on aime ».
La maladie de sa mère a d’ailleurs incité son père à effectuer une pause de la vie politique pour en prendre soin.
Pour sa part, Marie-Anik Shoiry a été contactée par la CAQ cet été, après la démission de Joëlle Boutin. Elle partait alors en vacances avec son conjoint et leurs trois adolescents. « J’ai vraiment été surprise [...] C’était là, oui, peut-être un jour, mais je n’aurais pas envoyé mon CV, vous comprenez. »
D’autres possibilités d’emploi se sont d’ailleurs présentées depuis qu’elle a fondé Vide ta sacoche en 2018, mais elle les a toujours déclinées. « J’adore ce que je fais présentement, c’est mon bébé et je crois beaucoup à la mission de l’organisme. Mais au-delà de tout, pourquoi je le fais [...] c’est que j’aime le monde, prendre soin et aider les gens. Et pour moi, c’est ça le premier rôle d’un élu. »
Elle a vu dans cette opportunité l’occasion d’amener son engagement à un autre niveau. Sa réflexion, durant ses vacances, l’a donc amenée à se lancer. Ses enfants sont rendus grands, son conjoint ne voyage plus comme avant pour le travail, et l’organisme qu’elle a fondé repose sur de solides bases.
Son père s’implique lui aussi à la CAQ, depuis 2018. « Il m’a dit : "Je te vois faire ça et je sais que tu es capable. Mais ce n’est pas facile, la politique" », relate-t-elle, évoquant son « petit côté protecteur de père ». Depuis qu’elle s’est lancée, celui qu’elle considère comme son « mentor politique » lui donne un coup de main et a même posé des pancartes.
- Écoutez la chronique de Karine Gagnon, chroniqueuse politique au JDM et JDQ via QUB radio :
Échanges confidentiels
J’étais par ailleurs curieuse de savoir ce que l’avocate pensait de la diffusion des échanges datant de 2022 entre la CAQ et l’actuel candidat du PQ, Pascal Paradis. Ce dernier avait décliné l’offre de la CAQ pour se présenter aux élections générales et les conversations censées être confidentielles ont été dévoilées par le parti.
Mme Shoiry s’attendait à cette question et ne souhaite pas s’en mêler. « Je ne suis pas ici comme avocate mais comme candidate [...] et je ne suis pas à l’aise de commenter d’autant plus que je ne suis pas concernée. »
De nombreux observateurs ont par ailleurs statué qu’il serait difficile pour la CAQ de dénicher un bon candidat après la démission de Joëlle Boutin, attribuée en coulisses au fait qu’elle n’a pas obtenu de ministère.
Mais cela n’importe aucunement à Marie-Anik Shoiry. « Je ne suis pas une fille de titre, répète-t-elle à deux reprises au fil de l’entrevue. Ce n’est pas important pour moi. »
Personnes vulnérables
Concernant les enjeux dans Jean-Talon, la candidate caquiste cite les enjeux sociaux, pour les personnes vulnérables, l’accès aux produits menstruels et les droits des femmes. « Ce sont des choses qui me tiennent beaucoup à cœur. »
Elle n’évoque pas les dossiers de transport ni du troisième lien, que plusieurs considèrent comme un talon d’Achille pour la CAQ dans cette élection, après l’abandon du projet autoroutier entre Québec et Lévis.