Lâche-moi le TU, pis pogne-moi le VOUS
Doyon

Toi, oui, toi ! C’est à toi que je m’adresse.
Je n’ose pas écrire « Yo ! Toi, le jeune ! », mais j’ai vraiment l’impression que c’est devenu le seul moyen de s’adresser à qui que ce soit.
Mais où est le vous ?
Partout autour de nous, le tu prend le dessus.
« Toi, madame. »
« Toi, l’entrepreneur qui suit des coachs sur les réseaux sociaux. »
« Toi, le jeune qui cherche une job qui ressemble à un club social. »
Tout le monde tutoie tout le monde comme si on avait élevé des cochons ensemble.
Misère !
Après ça, on se demande pourquoi on n’arrive plus à discuter sereinement, on se demande où est l’autorité.
Je veux bien qu’on trouve que le vous, c’est formel. Je veux bien qu’on trouve que le tu, c’est plus intime, plus direct.
Mais le vouvoiement a des vertus que le tu ne saurait remplacer.
Vivement le retour du vous courtois
Parce que, voyez-vous, le vous, c’est plein de bonnes choses.
On peut vouvoyer même en employant le prénom, c’est personnel, mais respectueux, vous ne trouvez pas, Sylvie ?
On peut vouvoyer pour calmer le jeu. « T’es rien qu’un maudit niaiseux ! Calmez-vous, on va trouver une solution ! »
On vouvoie par respect, mais aussi pour marquer une distance.
Depuis quand est-ce que c’est devenu la norme de tutoyer les inconnus, peu importe leur âge ? Depuis quand est-ce qu’on affiche des postes dans la fonction publique en employant le tu ?
Il fut un temps où on ne tutoyait que ses amis, sa famille (et encore) et ses collègues. Aujourd’hui, on tutoie les inconnus sans se questionner.
Pourquoi ? Parce que ce serait tellement pénible d’admettre que nous ne sommes pas tous égaux. Vouvoyer quelqu’un, c’est devenu un signe de soumission pour la génération des enfants rois.
Traitez-moi de coincée, de vieux jeu, d’arriérée ou de matante tant que vous voulez, mais de grâce, faites-le avec le vous !