Crise du logement: «Je ne trouve pas de logement qui répond à mes besoins et je n’ai plus les moyens de vivre à l’hôtel»
Elle s'endette sur sa carte de crédit en logeant dans un motel pour ne pas être à la rue
Une femme handicapée qui survit grâce à l’aide sociale et qui a perdu son logement il y a quatre ans est forcée de se loger dans un motel, faute de ne pouvoir se trouver un toit qui répond à ses besoins particuliers à petit prix.
• À lire aussi: Des étudiants ne pourront pas étudier à Rimouski, faute de logements: du «jamais-vu» pour l'université
• À lire aussi: Logements sociaux: Valérie Plante prête à aller à Ottawa avec Québec pour du financement
• À lire aussi: Crise du logement: ils adoptent la «van life» pour ne pas payer des milliers de dollars de loyer
«Je suis prise à la gorge... Je dois 20 000$ sur ma carte de crédit, je ne trouve pas de logement qui répond à mes besoins et je n’ai plus les moyens de vivre à l’hôtel. Je ne sais plus quoi faire», désespère Nathalie, rencontrée par Le Journal dans la chambre d’un motel de Brossard, où elle vit depuis novembre dernier.
Pour ne pas nuire à ses chances de trouver un logement et éviter toute discrimination, elle a demandé à taire son nom de famille.
En 2019, cette femme de 51 ans s’est fait reprendre son logement par son propriétaire qui souhaitait y loger sa famille. La Longueuilloise est alors allée vivre chez un de ses proches.
Sauf que ce dernier a trouvé un logement plus petit il y a six mois, et Nathalie s’est alors retrouvée à la rue. Pour ne pas dormir dehors avec son petit chien de 15 ans, elle a alors pris une chambre dans un motel, au bord du boulevard Taschereau, à Brossard.
Difficile
Chaque semaine, sa chambre lui coûte 1326$, affirme celle qui touche 1500$ d’aide sociale chaque mois en raison de son invalidité.
- Ne ratez pas l'émission de Mario Dumont, diffusée chaque jour en direct ou en balado, dès 15 h 30 sur QUB radio
«Je cherche vraiment activement, mais je ne trouve pas. Pour le moment, si je suis capable de me loger, c’est parce que je peux payer avec ma carte de crédit le motel», déplore-t-elle.
Depuis des mois, elle cherche un trois et demie à 600$ par mois. Mais rien ne correspond à ses besoins.
«C’est difficile parce que je ne peux pas trop monter d’escaliers, j’ai besoin de pouvoir avoir mon chien», poursuit-elle.
Elle explique aussi ne pas pouvoir aller dans les organismes qui proposent des logements temporairement, par crainte de tomber malade en raison de son faible système immunitaire.
En regardant les petites annonces, Le Journal a pu constater qu’aucun appartement répondant aux besoins de Nathalie n’était à louer en dessous de 900$ par mois dans le coin de Longueuil.
Sortir la tête de l’eau
Et si elle voit finalement un appartement libre qui correspond à ce qu’elle recherche, difficile de s’y rendre rapidement à cause de ses difficultés à se déplacer liées à ses problèmes de poids, d’arthrose et de fibromyalgie.
«C’est sûr que je manque certaines opportunités à cause de cela. Ça me prend parfois trois jours pour me remettre d’une sortie», regrette-t-elle.
Consciente de l’impasse dans laquelle elle se retrouve, elle essaye tant bien que mal de survivre.
«J’essaye de payer chaque mois le montant minimum de ma carte de crédit, mais ça revient à plus de 800$. Ça ne me laisse pas grand-chose pour manger», confie-t-elle.
Pour Marco Monzon, directeur du Comité logement Rive-Sud, il n’y a presque plus de solutions pour les personnes à faible revenu qui ont des besoins sur le marché locatif privé.
«Trouver quelque chose à bas prix, ça relève de la chance maintenant», estime-t-il, en dénonçant la discrimination que font de nombreux propriétaires envers les personnes à faible revenu, notamment.