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Minorités visibles:
les «anciens» partis TRAÎNENT de la patte

Les deux partis politiques traditionnels ont encore des efforts à faire pour proposer une équipe plus représentative des minorités visibles. Ils comptent presque deux fois moins de candidats issus de ces minorités que Québec solidaire et la Coalition Avenir Québec.

Dans le cadre de notre grand dossier «Radiographie des candidats», nous vous présentons cette semaine notre analyse de la représentativité des partis politiques en matière de diversité ethnoculturelle.

En date du 14 août, et avec 399 candidatures déclarées sur 500, les deux partis qui comptent le plus de candidats issus de minorités visibles sont Québec solidaire, avec 10 %, et la Coalition Avenir Québec, avec 9 %, alors que la proportion au Québec est de 13 %.

Comme en matière de parité, où la CAQ fait bonne figure, l’absence de course à l’investiture dans chaque circonscription peut être un facteur déterminant.

«Ça peut être un obstacle de moins, si un parti se donne cet objectif», suggère Eric Montigny, professeur de science politique à l’Université Laval.

De leur côté, le Parti québécois et le Parti libéral du Québec, qui se sont partagé le pouvoir depuis 50 ans, affichent un bilan respectif de 6 % et 5 %, en date du 14 août.

Clivage

«Il semble y avoir un clivage entre anciens et nouveaux partis», note le professeur, ajoutant qu’en raison du «discours multiculturaliste traditionnellement porté par le PLQ, on se serait attendu à ce qu’il soit premier». Or, à l’heure actuelle, le PLQ est plutôt dernier.

«La littérature montre que les petits partis politiques sont davantage sensibilisés à cette question», poursuit Carolle Simard, spécialiste de la représentation politique des communautés ethnoculturelles au département de science politique de l’UQAM.

«Les partis traditionnels qui sont susceptibles de prendre le pouvoir étaient plus réticents à aller chercher des femmes ou des membres de communautés ethnoculturelles», ajoute-t-elle.

La moyenne générale, pour les quatre partis représentés à l’Assemblée nationale, est de 7 %.

Il est toutefois difficile de faire une comparaison avec les candidatures des élections précédentes, puisque ni le Directeur général des élections du Québec ni l’Assemblée nationale ne compilent de données à ce sujet.

Carolle Simard note toutefois des progrès. «Je crois que c’est une préoccupation pour tous les partis politiques, mais ça reste à voir», dit-elle.

Ses études sur la politique municipale et les diversités ethnoculturelles (et non uniquement les minorités visibles) lui ont permis de constater que certaines communautés sont plus impliquées politiquement que d’autres, par exemple les communautés juive, grecque, italienne ou libanaise.

«Peut-être parce qu’elles ont davantage confiance dans le système politique et [parce que] ce sont des communautés plus anciennes», explique Mme Simard sur la base des enquêtes qu’elle a réalisées dans le cadre de ses recherches.

  • En date du 14 août, 21 circonscriptions comptent au moins un candidat issu d’une minorité visible. Ces candidats se présentent pour la plupart à Montréal ou en banlieue de Montréal.
  • Quatre candidatures sortent de la grande région métropolitaine, soit celle de Nadine Girault (CAQ) dans Bertrand, celle de Samuel Poulin (CAQ) dans Beauce-Sud, celle d’Annabelle Lalumière-Ting (QS) dans Orford et celle de Georges Goma (QS) dans Lévis.
  • «Traditionnellement, le PLQ réserve certaines circonscriptions à certaines communautés. Par exemple, D’Arcy-McGee à la communauté juive, Laurier-Dorion à la communauté grecque», explique M. Montigny. Cette tradition est respectée cette année encore, puisque George Tsantrizos se présente pour le parti dans Laurier-Dorion et David Birnbaum dans D’Arcy-McGee.
  • La circonscription de Laval-des-Rapides est celle qui présente le plus de candidats issus de minorités visibles, soit 3. Saul Polo (PLQ), Graciela Mateo (QS) et Christine Mitton (CAQ). Dans cette circonscription, 30% de la population appartient à la minorité visible.

Le premier député noir de l’histoire du Québec a été élu en 1976. Jean Alfred, un candidat péquiste d’origine haïtienne, avait été élu dans la circonscription de Papineau, en Outaouais.

La première personne noire qui ait accédé au poste de ministre au Québec est Yolande James, ministre de l’Immigration en 2007. Maka Kotto a ensuite été ministre de la Culture en 2012, suivi de Dominique Anglade en 2016.

Nous avons demandé à tous les partis politiques s’ils avaient des candidats d’origine autochtone (qui ne sont pas considérés comme appartenant à une minorité visible). La CAQ a répondu non. Seul Québec solidaire a indiqué avoir tenté de recruter des personnes issues de communautés autochtones. «Celles-ci ont préféré ne pas se présenter, pour des raisons personnelles», a fait savoir Stéphanie Guèvremont, attachée politique.

Le PQ ne croit pas avoir de candidat autochtone, mais n’identifie pas ses candidats sur la base ethnique. Le parti souligne néanmoins que le premier député autochtone, Alexis Wawanoloath, en 2007, était du PQ.

Hors Canada

  • Nous nous sommes aussi intéressés aux candidats qui ne sont pas nés au Canada. Ils sont 40 jusqu’à présent, et près de la moitié d’entre eux se présentent pour QS.
  • La moitié de ces candidats viennent d’Europe.
  • Le pays européen le plus représenté est la France, avec 11 candidats, dont six chez QS.
  • Neuf candidats sont nés sur le continent africain; quatre d’entre eux se retrouvent chez QS et trois au PQ.
  • La dernière législature comptait sept députés nés hors Québec.
  • La seule candidate portant le voile est Eve Torres, d’origine française, qui se présente pour QS dans Mont-Royal–Outremont.