

Étourdissement, nausées, maux de ventre, sueurs nocturnes, épuisement, kystes ovariens, perte de libido, voilà quelques-uns des symptômes qui affligent depuis quelques années Karine Tessier, une mère de famille qui soupçonne le stérilet Mirena d’avoir «empoisonné sa vie».
Jusqu’ici, le mystère demeure entier pour les médecins qui se sont penchés sur le cas de la femme de 35 ans dont la santé s’est détériorée mystérieusement au cours des dernières années.
«J’ai passé une série de tests, mais ils n’ont jamais rien trouvé. Tout est toujours "normal"! L’incompréhension de tous ces symptômes fait en sorte que tu deviens psychologiquement perdue, complètement déboussolée, donc ils te prescrivent un antidépresseur pour essayer de te remonter, ce qui n’a pas fonctionné dans mon cas», a-t-elle raconté au journaldequebec.com.
Les symptômes ressentis sont devenus si envahissants que la femme a été mise en arrêt de travail et l’est toujours depuis septembre 2016.
PAS LA SEULE
Pourtant, à la lumière de recherches effectuées sur le web, Karine Tessier a découvert que ses symptômes figurent tous sur la liste des effets indésirables publiée par le fabricant, Bayer et qu’elle n’est pas la seule victime!
«Je suis tombée sur un groupe privé sur Facebook en France qui compte maintenant plus de 19 000 femmes. Ce sont toutes des histoires qui ressemblent à la mienne. Je me suis dit: “Alléluia! Je ne suis pas toute seule dans mon monde!”»



















LES TÉMOIGNAGES DÉFERLENT
Puisqu’aucun équivalent n’était disponible pour le Québec, Karine Tessier a mis sur pied une page Facebook canadienne qui compte maintenant plus de 900 abonnées.
«En deux semaines, on était déjà 500 membres! J’étais complètement abasourdie de l’ampleur que ça prenait. Je crois que ç'a fait beaucoup de bien à ces personnes-là qui cherchaient des réponses», croit-elle.
Comme elle, certaines femmes de ce groupe déplorent que leur médecin ait banalisé leurs symptômes et nié qu’ils puissent être causés par leur stérilet. Certains professionnels auraient même exprimé une réticence à leur retirer le Mirena.
LES EFFETS INDÉSIRABLES PAS CAMOUFLÉS PAR BAYER
Invité à commenter, le fabricant Bayer, renvoie la balle dans le camp des médecins et précise qu’un feuillet d’information est inséré dans l’emballage du stérilet et que «les professionnels de la santé doivent examiner les femmes de quatre à douze semaines après l’insertion et au moins une fois par année par la suite, voire plus souvent en cas de besoin clinique».
Or, plusieurs femmes disent n’avoir jamais pris connaissance de cedit feuillet, jeté par les médecins avec la boîte aussitôt l’installation effectuée.
Le Collège des médecins plaide que les médecins ont la responsabilité d’expliquer aux patientes quels sont les effets secondaires possibles.
«Le médecin doit non seulement expliquer tout cela à la patiente, mais doit aussi s'assurer qu'elle a bien compris, précise la coordonnatrice aux communications du Collège des médecins, Caroline Langis. Les médecins qui ne respectent pas leurs obligations déontologiques s'exposent à une enquête du syndic et, potentiellement, à une plainte disciplinaire.»
UNE NOUVELLE ÉTUDE RÉVÉLATRICE
L’affaire Mirena fait grand bruit en France, si bien que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé le 12 mai dernier, lancer des investigations devant l’augmentation des déclarations d’effets indésirables.
D’ailleurs, une nouvelle étude réalisée par l’Américain Steven Kushner, professeur en neurobiologie psychiatrique à l’Université Erasmus Medical Center de Rotterdam en Hollande, et publiée par l’hebdomadaire allemand Spiegel démontre que les effets des hormones délivrées par le stérilet Mirena touchent le cerveau.
«Cette étude démontre de façon indiscutable qu'affirmer que le Mirena a un effet intra-utérin uniquement local est parfaitement faux. Nous avons prouvé que le Mirena affecte le reste du corps, la physiologie des femmes, et spécifiquement le cerveau. Le Mirena affecte le cerveau, nous l'avons démontré», affirme le professeur Kushner dans un reportage de TV5 Monde.
Jusqu’ici, la documentation destinée aux professionnels assénait que l’hormone du Mirena avait un effet «principalement local», affirmation relayée par le corps médical qui jusqu’ici, niait que les troubles psychiques (angoisse, dépression, vertiges, crise de panique) que disent vivre plusieurs femmes, puissent être causés par le stérilet, est-il aussi possible d’apprendre dans le reportage.
L’APRÈS MIRENA
Pour Karine Tessier, le retrait du Mirena a été une véritable «libération». Les effets indésirables ne sont toutefois pas complètement disparus.
«La semaine qui a suivi le retrait, j’avais une vie complètement différente. J’avais retrouvé une vie normale.
Par contre certains symptômes sont revenus, mais je me sens beaucoup mieux depuis que je l’ai retiré.»
Plusieurs femmes témoignent d'un phénomène qu'elles nomment le «crash Mirena» et qui survient après le retrait. Pour la plupart d'entre elles, les symptômes indésirables se sont estompés en quelques semaines, voire quelques mois.
RECOURS POSSIBLES?
Au Canada, trois demandes d’autorisation de recours collectif ont été faites entre 2013 et 2014 en Ontario, en Alberta et en Nouvelle-Écosse. Le cabinet d’avocat torontois McPhadden Samac Tuovi s’affaire actuellement à regrouper ces demandes.
Pour Karine Tessier, il est prématuré d’envisager la possibilité d’intenter un recours collectif.
«Je crois que juridiquement parlant, il n’y a pas d’issues en ce moment. Par contre, j’invite les femmes à dénoncer les effets secondaires. C’est hyper important, je crois que c’est notre responsabilité de le faire. Plus on va les déclarer, plus on va se pencher sur la question et plus ça va faire bouger les choses».
Les femmes peuvent déclarer les effets secondaires subis directement sur le site de Santé Canada.
Si des patientes ont le sentiment de ne pas avoir été bien servies par leurs médecins, elles peuvent déposer une plainte au syndic du Collège des médecins.
En cas de perforation de l’utérus, il est possible de participer au recours collectif envisagé en remplissant ce formulaire en ligne.