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Nos soldats pourraient être plus présents ici

Le temps est venu de réfléchir à un rôle plus actif au pays pour les Forces armées canadiennes, estiment plusieurs experts un an après le débat sur l’aide des soldats dans nos CHSLD pris d’assaut par la COVID-19.

C’est surtout le refus catégorique à la fin du mois de mai dernier du ministre de la Défense nationale Harjit Sajjan de laisser l’armée poursuivre pendant deux mois son intervention dans les centres d’hébergement qui donne à réévaluer ses priorités. « Ç’a été une occasion ratée. On a fait un quelque chose de négatif avec une action positive », regrette le professeur Jean-Christophe Boucher, de l’Université de Calgary, spécialiste des questions militaires. Il ajoute que ça n’a rien fait pour redorer le blason des Forces armées. Plus tôt cette semaine, le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, suggérait de nouveau au gouvernement Trudeau la mise sur pied de cliniques placées sous la responsabilité de l’armée pour accélérer les efforts de vaccination au pays.

D’ABORD À NOTRE SERVICE

Réalisé à la fin de l’été dernier, ce sondage Nanos révèle que les Canadiens estiment que les Forces armées doivent d’abord être à leur service. On a demandé aux répondants quels devaient être les rôles les plus importants joués par nos militaires. Plusieurs choix pouvaient être indiqués. (Source : Le Sondage a été réalisé pour le compte du Réseau canadien sur la défense et la sécurité auprès de 1504 personnes. La marge d’erreur est de plus ou moins 2,5 %, 19 fois sur 20.)

Protéger la sécurité des citoyens canadiens
Défendre le territoire canadien
Aider les autorités civiles avec les crises au Canada
Contribuer à la sécurité internationale

Les militaires saluent pour une dernière fois les résidents. Juin 2020. BEN PELOSSE / LE JOURNAL DE MONTRÉAL

Missions à l’étranger d’abord

Lorsqu’elles se déploient en missions, les Forces armées sont bien plus présentes à l’étranger qu’ici. Par exemple, elles ont dépensé en 2019-2020 plus de 406,4 M$ pour des missions qui les conduisent aux quatre coins du globe. Nos soldats participent à des missions de paix, forment des forces de sécurités étrangères, luttent contre le terrorisme.

Au Canada, les Forces prêtent main-forte lors de crises comme des inondations à la demande des gouvernements.

Le montant consacré à de telles missions humanitaires au pays était de 4,9 M$ en 2019-2020, selon les données publiques de la Défense nationale dont les dépenses totales dépassent 20 milliards $ par an. Sinon, l’armée se consacre au Canada à des activités régulières, comme la surveillance de l’Arctique ou des côtes.

Mais en 2020, la première vague de la COVID-19 a entraîné une suspension temporaire de certaines missions à l’étranger, en même temps qu’un déploiement exceptionnel des militaires au pays.

Au total, Ottawa a mis 418 M$ à la disposition de l’armée pour répondre à la COVID-19.

Ainsi, elle est intervenue dans les CHSLD du Québec et dans les centres de soins de longue durée de l’Ontario. La mission de deux mois a coûté à elle seule 34,2 M$ et a mobilisé près de 2000 soldats à partir du 18 avril 2020.

Aussi, 207 M$ ont servi à mobiliser près de 10 000 réservistes en cas de besoins, ainsi que pour l’appui aux communautés éloignées.

CHSLD
Un soldat en CHSLD, Courtoisie Forces Armées Canadiennes

Pas pour changer des couches

L’attitude du gouvernement Trudeau est venue assombrir le tableau d’une mission exécutée avec brio par les militaires en CHSLD.

Des responsables politiques libéraux ne voyaient pas d’un bon œil les demandes du Québec de prolonger la mission. Selon ce que rapportait La Presse, certains affirmaient même que le rôle premier des soldats n’était pas de « changer les couches » des aînés.

Le ministre de la Défense Sajjan, lui, n’avait pas hésité à dire à la CBC que les provinces ne « comprennent pas tout à fait comment l’armée fonctionne ».

Pour le colonel à la retraite Michel Drapeau, ces affirmations ne tiennent pas la route.

Le colonel à la retraite Michel Drapeau
« Il n’y avait aucune tâche pressante [ailleurs pour les Forces] à ce moment-là. Au niveau politique et médiatique, ça faisait énormément de sens [de poursuivre le travail]. C’était une façon de continuer à montrer leur savoir-faire et à aider les instances », dit-il. « Les provinces [canadiennes] devraient pousser un cri et dire : charité bien ordonnée commence par soi-même », est-il d’avis. À l’époque, exaspéré par le refus d’Ottawa, le premier ministre du Québec, François Legault, avait même rappelé au gouvernement Trudeau que « le Québec paie sa part pour l’armée ».
(Photo ci-contre : Le colonel à la retraite Michel Drapeau, Agence QMI)

 


Deux poids, deux mesures

« En période de crise, avoir autant d’hésitations à mobiliser des gens qui sont équipés et qui sont habitués à se déployer sur différents terrains, il y a là quelque chose de problématique », souligne Philippe Hurteau, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques. Aux yeux du colonel Drapeau, il y a là deux poids, deux mesures. « Le Canada ne s’est jamais gêné, souligne-t-il, pour accepter des missions militaires à l’étranger, soient-elles au Congo, en Bosnie, à Chypre, et à combien d’autres endroits. Ces missions-là – c’est vrai – étaient des missions de paix, mais ça débordait. [Les soldats canadiens] ne faisaient pas seulement que surveiller le trafic. Très souvent […] ils prêtaient main-forte à la population civile. » Lorsqu’on pose la question aux Canadiens, il est clair qu’ils jugent que les missions ici représentent une part essentielle du rôle de l’armée. D’après un sondage Nanos, réalisé en septembre au Canada, 81 % des personnes interrogées croient que l’aide en cas de crise au pays est une tâche dont les soldats doivent s’acquitter en priorité.

Qu'en pense l'armée ?

« Les Forces armées canadiennes reçoivent leurs orientations et leurs ordres du gouvernement canadien. Nous sommes prêts à répondre quand on nous en présente la demande et l’ordre », répond le porte-parole, le lieutenant Nicolas Plourde-Fleury.

Exemples d'opérations locales

L'armée canadienne prêtait main-forte mardi le 23 avril 2019 après-midi aux résidents inondés de Louiseville en Mauricie. Caroline Lepage

INNONDATIONS PRINTANNIÈRES AU QUÉBEC,
NOUVEAU-BRUNSWICK ET EN ONTARIO | 2019

Casque3.7M$
Soldat2500 militaires
Militaires canadiens déployés à Terre-Neuve en janvier 2020 à la suite d'une tempête hivernale majeure. Photo Twitter

TEMPÊTE HIVERNALE MAJEURE,
TERRE- NEUVE-ET-LABRADOR | JANVIER 2020

Casque218 000 $
Soldat380 militaires
Un soldat s'occupe d'une résidente. Courtoisie Forces Armées Canadiennes

CHSLD DU QUÉBEC ET CENTRES DE SOINS DE LONGUE DURÉE DE L’ONTARIO | PRINTEMPS 2020

Casque34.2M$
Soldat1942 militaires
Un appareil évacue des habitants d'une communauté autochtone du nord du Manitoba, menacée par des feux de forêt. Août 2017. Courtoisie Forces Armées Canadiennes

FEUX DE FORÊT COLOMBIE-BRITANNIQUE
ET MANITOBA | ÉTÉ 2017

Casque14.7M$
Soldat2000 militaires
L'armée aide pendant la crue printanière «historique» causant d'énormes inondations sur le territoire de la Ville de Rigaud, en Montérégie. Mai 2017. JOEL LEMAY/AGENCE QMI

INNONDATIONS PRINTANIÈRES
AU QUÉBEC | 2017

Casque5.8M$
Soldat2600 militaires

L’importance d’être ailleurs sur la planète

L’armée peut se permettre d’être plus présente au Canada sans négliger pour autant ses missions à l’international, estime le colonel à la retraite Michel Drapeau.

Bien au contraire, selon lui. Il rappelle que, grâce à ses efforts militaires à l’étranger, le Canada a pu se joindre aux grands.

« On s’est gagné une place à la table des G7 et G10, bien au-delà de la taille de notre population », dit-il.

Première et Seconde Guerres mondiales, guerre de Corée, missions de paix, le Canada a été impliqué activement dans les grands conflits mondiaux depuis le siècle dernier.

« Il ne faut pas oublier qu’on est débarqué en Normandie aux côtés des Américains et des Britanniques, alors que nous étions une petite nation », évoque l’ancien militaire.

D-Day
6 juin 1944 (Photo AFP)

Succès économique

L’économie canadienne, explique le colonel Drapeau, en est sortie gagnante.

« Notre succès économique dépend de notre habileté à faire du commerce. On vend principalement des matières premières. Pour y arriver, il faut être assis à la table des grands », dit-il.

Pour lui, une présence plus active des militaires lors des crises humanitaires au pays (voir texte principal) n’implique pas que l’on doive réduire les missions internationales. L’un n’exclut pas l’autre, croit-il.

« Je ne crois pas que nos présences actuelles à l’étranger étouffent et saignent les Forces », dit-il.

Il n’y a pas longtemps encore, rappelle-t-il, le Canada a été très actif sur la scène internationale. Les missions de paix en Bosnie-Herzégovine et en Afghanistan, qui ont mobilisé des dizaines de milliers de soldats canadiens, dont plusieurs sont morts au combat, en sont des exemples éloquents.

À son avis, l’unifolié est en train de perdre son influence, parce qu’il réduit ses interventions militaires à l’étranger. Il blâme les décisions du gouvernement Trudeau à cet égard et le peu d’envergure des ministres actuels de la Défense et des Affaires étrangères.

Des missions aux quatre coins du globe

Le Canada a dépensé 406,4 millions $ pour financer plus de 15 missions à l’étranger et 195,2 millions $ en contributions versées à l’OTAN en 2019-2020, selon notre compilation.

Peu de Canadiens seraient à même de nommer où sont déployées les Forces armées canadiennes dans le monde ni ce qu’elles y font.

Afin de dresser un portrait des activités à l’étranger de nos soldats, nous avons utilisé les données de l’exercice budgétaire 2019-2020 plutôt que celles de 2020-2021 dont les états financiers définitifs ne sont pas disponibles.

N’empêche que la description des missions est toujours valable, étant donné que les missions sont restées essentiellement pour la plupart les mêmes entre les deux périodes budgétaires, à part des baisses d’effectifs temporaires causées par la COVID-19.

La somme de 406,4 M$ pour les missions représente, dans le jargon de l’armée, leurs « coûts différentiels ». Il s’agit des coûts supplémentaires occasionnés par ces opérations. Ainsi, cela veut dire qu’on ne tient pas compte des salaires réguliers des militaires qui y participent.

Notre présentation montre les principales missions, certaines ont été omises parce qu’elles sont trop limitées. Ces Missions étaient actives en 2019-2020. Les coûts annuels indiqués pour les missions représentent uniquement les déboursés supplémentaires en personnel et en équipement qu’elles occasionnent.

(Source : ministère de la Défense nationale)

Des opérations partout

Un Danois agit pour des instructeurs canadiens et américains qui enseignent les techniques de lutte contre les engins explosifs improvisés aux militaires ukrainiens. Février 2017. Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION UNIFIER

Casque19.2M$
Soldatjusqu'à 200 militaires

Formation des Forces de Sécurité en Ukraine.

Le lieutenant de vaisseau Jeffrey Leung pose avant son vol de patrouille à Chypre. Octobre 2018. Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION SNOWGOOSE

Casque35 000$
Soldat1 officier

Maintien de la paix à Chypre, Mission historique depuis 1964.

Des équipages de CF-18 se dirigent vers leurs appareils à la base de Cerklje, en Slovénie. 2017. Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION REASSURANCE

Casque119.6M$
SoldatJusqu'à 915 militaires, dont 240 marins, 540 soldats et 135 membres de l'Aviation royale canadienne

Marquer la présence de l’OTAN face à la menace russe en Europe centrale et de l’est.

Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION KOBOLD

Casque340 000$
Soldat5 militaires

Participation à la force de maintien de la paix au Kosovo, KFOR.

Un manoeuvrier s’exerce à l’exécution de drills d’arraisonnement à proximité du navire Nanaimo. Octobre 2017. Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION CARIBBE

Casque4.7M$
Soldat1 avion de patrouille Aurora, navires dpéployés périodiquement et jusqu'à 150 militaires

Opérations antidrogues impliquant 15 pays, dont le Canada, dans la mer des Caraïbes et le Pacifique Est.

Un appareil CC-130J Hercules, à l’aéroport d’Entebbe. 2019. Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION PRESENCE

Casque52.2M$
Soldat1 Hercules CC-130J avec environ 25 militaires, et 250 militaires et 8 hélicoptères au Mali

Transport aérien tactique à partir d'Entebbe, en Ouganda, et évacuation aéromédicale au Mali, pour les missions de l'ONU.

Courtoisie Forces Armées Canadiennes - Major Laine Den Hollander
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OPERATION JADE

Casque261 000$
Soldat4 militaires

Participation à la surveillance de la trêve existante au Moyen-Orient. Plus ancienne mission internationale des Forces canadiennes, depuis 1954.

Installations électroniques canadiennes au Bahreïn. 2019.Courtoisie Forces Armées Canadiennes - Caporal-chef PJ Letourneau
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OPERATION FOUNDATION

Casque2.8M$
Soldat16 militaires

Participation à diverses opérations internationales contre le terrorisme au Qatar, Bahreïn et Jordanie.

Un membre de la Police militaire des Forces armées canadiennes procède à une vérification d’identité à un point de contrôle des véhicules, durant un exercice de confinement en présence d’un tireur actif, au Camp Canada. Koweït, 2018. Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION IMPACT

Casque153M$
SoldatJusqu'à 850 militaires, dont des membres des forces spéciales

Participation à des missions internationales au Moyen-Orient pour combattre l’État islamique.

La Police militaire canadienne participe à un exercice de sécurité à l’échelle du camp dans la péninsule du Sinaï. Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION CALUMET

Casque2.7M$
Soldat55 militaires

Participation à une mission internationale de maintien de la paix dans la péninsule du Sinaï en Égypte.

Des membres des Forces armées nigériennes prennent part à un exercice de tir réel sous la supervision de membres des Forces armées canadiennes. Niger, 2017. Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION Naberius

Casque830 000$
SoldatJusqu'à 50 membres des forces spéciales canadiennes

Formation des forces militaires locales au Niger, en Afrique de l’Ouest.

Courtoisie Forces Armées Canadiennes - Sergent Norm McLean
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OPERATION Soprano

Casque771 000$
Soldat10 militaires

Participation à la mission de l’ONU de maintien de la paix au Soudan du Sud, en Afrique de l'Est.

Avion de patrouille maritime Aurora CP-140. îles Seychelles, 2019. Courtoisie Forces Armées Canadiennes - Caporal-chef PJ Letourneau
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OPERATION ARTÉMIS

Casque4.7M$
Soldat7 militaires et occasionnellement 1 avion Aurora

Participation à des opérations antiterroristes internationales dans les eaux du Moyen-Orient.

Le Colonel Ivy Miezitis discute des détails de la planification avec le Lieutenant-colonel Mamadou Gaye du Sénégal et le Major Sumon Ahmed du Bangladesh au quartier général de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Kinshasa, 2011. Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION CROCODILE

Casque749 000$
Soldat9 militaires

Participation à la mission de l’ONU pour la stabilisation de la République démocratique du Congo.

Force de sécurité palestienne en mars 2020. Courtoisie Forces Armées Canadiennes
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OPERATION PROTEUS

Casque5.1M$
Soldat25 militaires

Formation des Forces de sécurité de l’Autorité palestinienne à Jérusalem.

Elles s’apprêtent à renouveler des équipements, tout en gérant des allégations d’inconduites sexuelles

La crise que traversent actuellement les Forces canadiennes avec la multiplication des affaires de nature sexuelle, particulièrement chez les hauts gradés, n’est pas de bon augure pour l’avenir.

Jean-Christophe Boucher
« Un leadership affaibli pourrait coûter cher aux contribuables canadiens », s’inquiète le professeur Jean-Christophe Boucher, de l’Université de Calgary, expert en questions militaires. Les Forces armées sont actuellement dans une phase critique, rappelle-t-il. Il faut procéder à un renouvellement majeur des équipements militaires, aussi bien sur terre, que dans les airs et sur les mers. « On doit revamper l’ensemble des Forces canadiennes. On dépensera des milliards et on n’aura personne pour veiller au grain », explique-t-il. Les chiffres des dépenses envisagées sont impressionnants. Uniquement pour remplacer sa flotte de frégates et de destroyers vieillissants, la marine canadienne pourrait avoir à débourser 76 milliards $, ce qui comprend un dépassement de coûts anticipé de 51 milliards $.
(Photo ci-dessus : Jean-Christophe Boucher, Université de Calgary. Courtoisie Université de Calgary)

Dépenses complètes de l'armée
pour l'année fiscale 2019-2020

Total

22,8 G$
Camembert

Effectifs

Militaires réguliers

67 492

Réservistes

36 381

Personnel civil

26 047

Des accroissements de coûts spectaculaires

Navires de combats

Dépassement de 51 Milliards $

Acquisition de 15 frégates ultramodernes pour remplacer l’ensemble de la flotte des grands navires de combat à partir de 2031. Il s’agit du programme le plus ambitieux de la marine canadienne depuis la Seconde Guerre mondiale. Le programme avait été évalué à 26,2 milliards $ en 2008. Selon un rapport récent du directeur parlementaire du budget, il faudra plutôt compter sur un budget de 77,3 milliards $ pour le mener à bien.

Courtoisie Forces Armées Canadiennes

Hélicoptères CH-148 Cyclone

Dépassement de 5.8 Milliards $

L’acquisition de ces 28 appareils représente l’aboutissement de l’invraisemblable saga du programme de remplacement des hélicoptères de la Marine royale canadienne. Lancé dans les années 1980 et ponctué de multiples revirements politiques, le programme a vu ses coûts passer de 1,8 G$ à 7,6 G$. Dans l’intervalle, les militaires canadiens ont dû utiliser de véritables antiquités volantes, les hélicoptères Sea King acquis au début des années 1960.

Courtoisie Forces Armées Canadiennes

Navires ravitailleurs

Dépassement de 1.5 Milliards $

Ce programme a pris un tel retard que la marine a dû louer au chantier Davie de Lévis un navire civil, L’Astérix, converti pour les besoins militaires. Cette mesure a été prise en attendant la livraison de deux nouveaux ravitailleurs, prévue pour 2023 et 2025, construits dans des chantiers de la Colombie- Britannique. Les coûts d’abord évalués à 2,6 G$ ont grimpé à 4,1 G$.

Courtoisie Forces Armées Canadiennes

Programmes moins connus

Il faudra aussi acheter de nouveaux chasseurs aériens et, à plus long terme, décider si on renouvelle la flotte des chars d’assaut de l’armée de terre, note le professeur Boucher.

Il rappelle qu’en plus des programmes qu’on connaît, il y a ceux qu’on connaît moins. La modernisation des stations radars du NORAD (le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord) est un de ceux-là et il pourrait coûter au moins 4 milliards $.

Alors qu’un leadership solide serait nécessaire pour mener à bien ces projets, les hauts gradés s’embourbent un à un dans des affaires de comportements inappropriés.

Récemment, en janvier dernier, c’était au tour du numéro un de l’organisation, le chef d’état-major Jonathan Vance, de démissionner pour une affaire d’inconduite sexuelle. Un mois seulement après avoir été nommé, son remplaçant, l’amiral Art McDonald, devait lui aussi quitter son poste pour des raisons similaires.

À moins de donner un « sérieux coup de barre », dit le professeur Boucher, pour mettre un terme à la culture toxique des rapports hommes-femmes existant au sein des Forces canadiennes, on se dirige vers une mauvaise gestion de tous ces programmes de renouvellement.

« On va en échapper et on va se retrouver dans 10 ou 15 ans avec de très gros problèmes », conclut-il.

Programme Montant
Soutien de l'équipement3 566 054 186,79 $
Forces terrestres prêtes au combat2 248 466 491,71 $
Forces aériennes et spatiales prêtes au combat1 671 621 155,36 $
Gestion de l'Équipe de la Défense1 376 684 859,67 $
Forces navales prêtes au combat1 307 190 917,34 $
Acquisition d'équipements maritimes1 240 556 818,06 $
Infrastructure de la Défense: entretien, soutien et opérations1 034 450 378,64 $
Acquisition d'équipements terrestres979 598 894,15 $
Acquisition d'équipements aéronautiques et spatiaux808 549 938,87 $
Gamme complète des soins de santé687 295 133,92 $
Infrastructure de la Défense: construction, réfection et investissement633 457 459,17 $
Bases terrestres576 142 363,69 $
Instruction individuelle et formation professionnelle militaire500 824 048,10 $
Escadres aérospatiales446 600 214,62 $
Sciences, technologie et innovation373 859 833,29 $
Opérations internationales368 561 830,22 $
Engagement mondial356 436 263,89 $
Forces d'opérations spéciales prêtes au combat318 641 799,73 $
Cadets et Rangers juniors canadiens (Programme jeunesse)254 354 088,47 $
Bases navales253 633 429,76 $
Gestion des programmes, systèmes et services d’information de la Défense206 540 035,57 $
Services de la technologie de l'information - Ministère de la Défense nationale203 491 421,51 $
Commandement et contrôle stratégiques199 252 083,27 $
Commandement, contrôle et poursuite prolongée des opérations174 697 115,44 $
Transition de la vie militaire à la vie civile171 741 727,85 $
Recrutement157 113 417,69 $
Soutien fourni au militaire et à sa famille156 733 406,59 $
Bases interarmées, communes et internationales155 691 965,03 $
Forces du renseignement prêtes au combat154 691 626,10 $
Soins de santé, police militaire et forces de soutien prêts à l'action150 648 086,15 $
Acquisition, conception et livraison de systèmes de technologie de l'information de la Défense150 028 829,40 $
Services de gestion et de surveillance - Ministère de la Défense nationale136 614 768,39 $
Forces interarmées et multinationales prêtes au combat130 486 557,60 $
Services de gestion des ressources humaines - Ministère de la Défense nationale127 811 927,99 $
Cyberforces et systèmes de communication et d’information (SCI) interarmées prêts au combat126 512 230,94 $
Gestion du matériel de la Défense119 321 079,33 $
Opérations institutionnelles de la Police militaire118 080 394,16 $
Durabilité et protection de l'environnement108 068 782,88 $
Services de gestion des biens immobiliers - Ministère de la Défense nationale106 666 210,90 $
Services juridiques - Ministère de la Défense nationale104 059 086,48 $
Développement de la force terrestre91 055 749,80 $
Développement de la force aérienne et spatiale69 979 215,78 $
Cyberopérations65 491 669,97 $
Développement de la force du renseignement63 595 621,51 $
Gestion du Programme d'infrastructure de la Défense57 488 970,25 $
Opérations spéciales55 440 351,86 $
Développement de la force navale52 988 231,00 $
Services de gestion financière - Ministère de la Défense nationale50 423 376,20 $
Logement des familles des militaires49 727 860,94 $
Développement des forces d'opérations spéciales48 252 425,09 $
Services de gestion du matériel - Ministère de la Défense nationale46 321 076,85 $
Services du droit militaire/Exercice de l'autorité de justice militaire44 471 151,05 $
Développement de l'intégration des différents corps d'armée42 018 621,38 $
Services de communication - Ministère de la Défense nationale30 867 382,48 $
Services de gestion de l'information - Ministère de la Défense nationale22 511 198,39 $
Développement de la cyberforce et de la force du systèmes d'information et communications (SIC) interarmées17 017 629,86 $
Services de gestion des acquisitions - Ministère de la Défense nationale16 638 873,92 $
Opérations en Amérique du Nord14 472 635,66 $
Opérations au Canada9 414 905,23 $
Histoire et patrimoine militaires9 322 828,99 $
Ombudsman7 286 481,31 $
Sécurité6 319 581,41 $
Affaires autochtones5 437 565,29 $
Conseil de liaison des Forces canadiennes et appui des employeurs1 664 073,91 $
Dépenses totales de la Défense en 2019-2020 22 839 438 336,85 $