Seuils d’immigration réduits: le gouvernement Trudeau se dit «déçu»
Le gouvernement Trudeau se dit «déçu» de la décision de François Legault de réduire les seuils d'immigration du Québec.
«Nous ne sommes pas surpris [du plan dévoilé mardi]. On a eu des discussions avec le gouvernement du Québec depuis plusieurs semaines à cet égard-là. Nous sommes déçus cependant que le gouvernement, face à la pénurie de main-d’œuvre, a décidé de réduire le nombre d’immigrants», a indiqué le ministre des Affaires intergouvernementales Dominic LeBlanc, mardi.
Il réagissait au dépôt par le gouvernement Legault de son plan d'immigration pour l'année qui vient. Le document confirme une réduction du nombre de nouveaux arrivants accueillis au Québec. Une position qui va à l'encontre de la philosophie du gouvernement Trudeau en la matière.
N'empêche que le ministre LeBlanc assure qu'il veut continuer à discuter de façon constructive avec Québec sur ce dossier.
La «collaboration entre le Québec et le gouvernement du Canada en matière d’immigration est très importante pour nous. C’est un accord qui a donné, je pense, beaucoup de bons résultats, de résultats positifs et pour le Québec et pour le Canada», a-t-il affirmé.
À savoir s'il allait permettre au Québec d'aller de l'avant avec son plan alors que deux des trois volets de l'immigration sont de juridiction fédérale, il a esquivé la question.
«Ce n’est pas une question pour nous de laisser [le Québec] faire quelque chose. La question pour nous, c’est qu’est-ce qu’on peut faire comme gouvernement national [pour faire face aux] enjeux économiques au Québec comme partout au Canada et de comprendre les détails du plan [du ministre québécois] Simon Jolin-Barrette», a déclaré le ministre LeBlanc.
Inquiétudes
Les inquiétudes d'Ottawa face au plan du gouvernement du Québec sont multiples.
D'emblée, la réduction du nombre d'immigrants admis dans la catégorie de la réunification familiale préoccupe Ottawa.
«On ne voudrait pas avoir un système à deux vitesses où les familles québécoises sont réunies, des conjoints ou des conjointes ou des parents, sont réunis moins vite qu’au Nouveau-Brunswick ou en Ontario. Ce n’est sûrement pas l’idéal», a déploré le ministre LeBlanc.
Il a aussi rappelé que le Québec a des responsabilités internationales quant au nombre de réfugiés qui sont reçus.
Plus tôt en journée, le premier ministre avait exprimé personnellement ses réserves.
«Je ne suis pas sûr que c'est le meilleur moment pour réduire le nombre de gens qui viennent», a noté Justin Trudeau.
Son ministre de l'Infrastructure, François-Philippe Champagne, est allé dans le même sens.
«Ce qu’il faut se poser comme question, c'est "est-ce que c’est le temps de réduire les seuils d’immigration?" Ou c’est plutôt le temps de regarder ce qu’on peut faire pour combler ces postes-là qui vont nous permettre de faire de la croissance économique? On sait que le gouvernement du Québec a parlé évidemment de croissance économique et d’emplois. Ce qu’on entend présentement, ce qui est préoccupant, c’est que, justement, le manque de main-d’œuvre est en train de freiner la croissance économique.»
De son côté, l'Opposition officielle conservatrice se dit ouverte aux propositions de M. Legault.
«Nous allons prendre le temps d'étudier le plan, mais, chose certaine, notre parti est ouvert à donner plus de pouvoir aux provinces, dont le Québec. C'est une de nos idées que nous avons proposées pendant notre tournée à l'écoute des Québécois, c'est-à-dire l'idée de donner plus de pouvoirs pour le système de l'immigration», a indiqué le chef Andrew Scheer, sans s'engager à en faire autant.
«Je reconnais qu'il [François Legault] a eu un mandat de Québécois et Québécoises et, ça, c'est une priorité qui a été clairement discutée pendant les élections», souligne-t-il.