L’histoire américaine mise en musique


Pardonnez-nous
nos péchés
Pour les sept galas de cette année, Juste pour rire a opté pour la thématique des péchés capitaux. Le Journal a posé des questions aux animateurs de ces galas afin de savoir s’ils avaient déjà péché dans leur vie. Vices cachés de comiques...

Bellefeuille
Comment décrirais-tu ton gala?
«Le thème est la colère, alors il faut s’attendre à voir des humoristes avec la face rouge qui postillonnent! Je suis très heureux des humoristes et des numéros qu’il y a sur mon gala cette année. Une belle diversité, des numéros de qualité.»
Qu’est-ce qui te met généralement en colère, dans la vie de tous les jours?
«Je suis du genre impatient. Donc si je suis en train d’attendre en ligne, à cause que le gars au comptoir est incompétent… si tu es dans la ligne avec moi pis que tu n’aimes pas ça voir la colère de proche, c’est le moment d’aller prendre une marche!»
Quelle est la fois de ta vie où tu as été le plus en colère?
«Les fois où je suis le plus en colère, c’est souvent envers moi. Quand je fais preuve d’incompétence. Je suis plus dur envers moi qu’envers les autres.»
Si tu n’avais qu’un seul autre gala à conseiller cet été, lequel ce serait et pourquoi?
«Je suis pas au courant vraiment de ce qu’il y a dans les autres galas, alors je vais dire celui de Laurent Paquin parce que je vais y faire un numéro sur le kama sutra! C’est la sixième année de suite que je fais un numéro dans son gala.»

Paquin
Comment décrirais-tu ton gala?
«Un gala varié, osé, intelligent, crunchy, parfois pertinent, parfois impertinent, avec une liste d’invités à faire rêver! Bon, c’est sûr qu’avec un thème comme ça, il faut assumer qu’on laisse sa pudeur à l’entrée.»
Avec l’internet, trouves-tu que notre rapport avec la luxure a changé?
«Complètement! L’arrivée d’internet dans nos vies, et dans nos vies sexuelles. Les sites de rencontres, les téléphones intelligents… Moi j’ai connu l’époque où, pour voir des films pornos, il fallait se rendre au club vidéo, et c’était une épopée! Aujourd’hui, deux ou trois clics et c’est réglé.»
Quel a été ton premier fantasme de jeunesse?
«Je me souviens de Denise Chartier dans Pop Citrouille, que je trouvais très belle! Sinon, au secondaire, j’ai eu ma période Madonna et un peu Samantha Fox.»
Si tu n’avais qu’un seul autre gala à conseiller cet été, lequel ce serait et pourquoi?
«Je serais curieux de voir le gala de Guy Jodoin sur la paresse. C’est le gars le moins paresseux que je connaisse. Et je trouve ça toujours touchant de voir quelqu’un relever ce genre de défi pour la première fois.»

Comment décrirais-tu ton gala?
«En fait, j’aborde le thème au-delà de la bouffe. Ce qui m’attire dans ce thème, c’est la partie de soi qui en veut toujours plus, l’insatiabilité de l’être. Et c’est l’angle avec lequel on a approché les invités pour ne pas se retrouver huit numéros sur les régimes et les diètes.»
As-tu demandé conseil à un collègue humoriste avant d’accepter d’animer un gala?
«J’ai demandé conseil à Laurent Paquin et ça m’a beaucoup rassuré. Il m’a dit: “tu as déjà fait des numéros dans des galas? Là, c’est comme si tu faisais trois numéros au lieu d’un seul dans un même gala.” Ça fait du bien d’être rationnel des fois…»
Te considères-tu toi-même comme quelqu’un de gourmand?
«Non, je n’ai pas ce péché. Je ne suis malheureusement pas un épicurien. J’envie ceux qui le sont. Ça a don’ l’air d’être bon quand ils trouvent ça bon. En fait, je sais reconnaître la bonne bouffe mais on dirait que mes papilles ont une limite à s’extasier.»
Si tu pouvais choisir le dernier repas à prendre dans ta vie, lequel ce serait et pourquoi?
«Probablement ça serait un repas léger. J’aurais trop peur d’être gonflé pour l’éternité. Tu t’imagines, être ballonné à l’infini… c’est long longtemps!»

Laprise
Comment décrirais-tu ton gala?
«Sur mon gala, il n’y a que des amis! Des gens avec qui j’ai du fun dans la vie, donc je suis très content. Ça va être un gala très explosif, très divertissant.»
Pourquoi es-tu le meilleur candidat pour animer un gala sur l’orgueil?
«Je crois que je suis le meilleur candidat parce que j’ai peu d’orgueil. Je ne suis pas le genre de gars qui veut se comparer aux autres. On est vraiment allé dans l’anti-casting pour ce gala!»
Dans quel genre de situation de la vie quotidienne es-tu orgueilleux?
«Dans des situations avec ma blonde. Parfois, je n’aime pas admettre que je n’ai pas raison.»
Te qualifies-tu d’orgueilleux, en général?
«Non! Définitivement pas. On a juste à venir voir le gala pour le comprendre. Je crois qu’on en a tous de caché et le spectacle m’a permis de fouiller pour aller le trouver.»
De quelle façon l’orgueil peut être utilisé de façon positive, selon toi?
«Peut-être pour faire cheminer quelqu’un. Faire comprendre des choses, mais je ne pense pas vraiment que ça peut s’utiliser positivement. Quelqu’un d’orgueilleux, ce n’est pas quelqu’un de sympathique, selon moi.»

Comment décririez-vous votre gala?
Anaïs: «Une suite de petits plaisirs drôles entre amis ou un gros party de rire. Selon la vie que vous avez!»
Maxim: «Un peu comme celui de l’an passé. Un beau mélange de vétérans et de jeunes futures stars. Encore cette année, les gens vont découvrir des véritables bombes. D’ailleurs, on y retrouvera un «duo de duos» qui fera assurément jaser pendant le festival!»
Racontez-moi une situation récente où vous avez été envieux de quelqu’un?
Anaïs: «À chaque Jeux olympiques, j’envie les athlètes de vivre cette expérience. Ce qui ne m’empêche pas de les suivre avec grand plaisir!»
Maxim: «Ma fille est partie en Belgique, cette semaine, avec sa mère. Je commence à avoir hâte que ce soit mon tour!»
Est-il possible de se servir de l’envie de façon positive?
Anaïs: «Tellement! Quand j’envie des gens, ce sont toujours des gens que j’admire et ça me pousse à vouloir être mieux. Dans mon cas, l’envie, c’est souvent positif.»
Maxim: «Il y a une différence entre la jalousie et l’envie. La jalousie, c’est malsain. Mais je crois que l’envie peut nous pousser à dépasser nos limites lorsque pratiquée sainement !»

Comment décrirais-tu ton gala?
«Cette année, je propose un super gala rempli de surprises. Un beau mélange de vétérans et des meilleures recrues qui viendront vous parler d’avarice. Ça fera assurément un malheur.»
Tu es reconnu pour parler de l’actualité. Vas-tu garder ce format tout en te pliant au thème de l’avarice?
«Oui, mais en partie seulement. J’ai du matériel qui n’est pas nécessairement social au complet, mais parce que l’État et les gouvernements sont de plus en plus avares envers les citoyens, il y aura quelques trucs sociaux et politiques, évidemment.»
Es-tu toi-même quelqu’un d’avare, en général?
«Non, pas du tout. Cela dit, je connais la valeur de l’argent, car j’ai vécu dans la pauvreté pendant très longtemps. L’autre truc qu’il faut savoir, c’est que ce n’est pas parce que l’argent est peu important pour une personne que cette dernière accepte de se faire avoir pour autant. Quand je sens qu’on veut m’en passer une vite, je peux me montrer très avare envers un profiteur. Autrement dit, la générosité, ça se mérite.»

Épris de paresse, qui est le thème de son gala, Guy Jodoin n’a pas répondu à notre questionnaire.

Pour la première fois de son histoire, Juste pour rire a mandaté un humoriste d’écrire sept numéros originaux portant sur la même thématique: les péchés capitaux. Guillaume Wagner a accepté de relever ce défi titanesque, il y a déjà plusieurs mois. À quelques jours du début du festival, Le Journal s’est entretenu avec lui.
Alors que plusieurs humoristes auraient refusé un tel défi, Guillaume Wagner a accepté l’offre audacieuse de Juste pour rire. Et l’humoriste y a même pris plaisir.
«À part quelques petites complications, tout a bien été, dit-il. J’ai consacré environ six à sept mois pour l’écriture. Je me suis rendu compte que j’étais capable d’écrire une heure de nouveau matériel par année. J’aime ça.»
Il y a quelques jours, en rodant son numéro pour le gala de Guy Jodoin, sur la paresse, Guillaume Wagner s’est rendu compte qu’il devait modifier plusieurs de ses blagues. «J’avais testé ce numéro devant mon public et tout fonctionnait. Mais rendu devant le public de Guy, ça ne marchait pas! Il a fallu que je me «revire sur un dix cennes».»
Le thème des péchés capitaux s’est avéré très riche pour lui. «Des fois, se faire imposer un thème peut bloquer la créativité, dit Guillaume. Mais ça peut aussi permettre d’aller plus loin.»
Guillaume Wagner prendra part aux sept galas Juste pour rire, du 11 au 19 juillet, à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.
Le 20 juillet, à 20 h 30, l’humoriste présentera en rafale ses sept numéros sur les péchés capitaux, dans un spectacle extérieur gratuit, sur la scène Loto-Québec de la Place des Festivals.
Guillaume Wagner sur...
- La colère : «C’est pas mal quelque chose que j’ai en moi! Ça vient de mon père, l’aspect revendicatif dans mon humour. Des fois, il faut que ça sorte. Il y a des trucs qui s’accumulent à l’intérieur. J’imagine que c’est un peu mon moteur. J’ai commencé récemment à faire de la méditation et du yoga. Ma blonde me force à me calmer!»
- La luxure : «Ça concerne le sexe débridé, plus que le sexe en général. Mais aujourd’hui, avec internet et la porno, notre rapport a changé. Tout le monde a une sexualité complètement débridée. Même les petites matantes lisent 50 Shades of Grey... Je ne comprends plus rien!»
- La gourmandise : «Je me suis informé pourquoi c’était un péché capital et j’ai lu que c’était parce qu’il n’y avait pas de bouffe au temps des colons. Il fallait rationner tout le monde et si tu mangeais plus que ton voisin, on te tuait. Aujourd’hui, la gourmandise est plus un péché envers toi-même, envers ta propre santé.»
- L’orgueil : «C’est probablement le péché le plus répandu dans le show-business. J’en suis moi aussi coupable. C’est un beau gros bal d’ego. C’est drôle parce que c’est important aussi d’en avoir le moins possible, parfois. J’ai déjà fait des auditions pour des publicités et tu es mieux de ne pas avoir d’orgueil parce que tu es traité comme de la viande. C’est un métier de maniaco-dépressifs, finalement!»
- L’envie : «On a tous ce réflexe-là de se comparer aux autres. Mais dans le fond, tout le monde est complètement différent. Est-ce que les filles sont plus envieuses que les gars? Oui, assurément. Quoique nous, on compare nos chars et nos blondes. On est aussi pires, finalement!»
- L’avarice : «J’ai l’impression que c’est un sujet encore vraiment tabou au Québec, l’argent. Je me suis rendu compte que les autres péchés ne dérangent pas les gens, sauf celui de l’avarice. Au Québec, on dit que les riches vont en enfer. On a un rapport étrange avec la réussite, l’argent, l’ambition.»
- La paresse : «Je suis quelqu’un d’extrêmement paresseux. Mais étrangement, depuis que je travaille dix fois moins, je suis beaucoup plus productif, créatif, épanoui. On nous a toujours dit que c’était mal, la paresse. C’est un peu le défaut inavoué de tout le monde. Mais je trouve qu’il y a de bons côtés à l’être.»