
De Xavier Dolan à Safia Nolin en passant par Les sœurs Boulay et Kevin Bazinet, les jeunes vedettes québécoises ne se gênent plus pour afficher publiquement leur allégeance envers la diva de Charlemagne. Au diable la crainte de passer pour un quétaine parce que My Heart Will Go On nous tire des larmes.
Depuis leur Gaspésie natale, Les sœurs Boulay sont tombées amoureuses de Céline à l’époque où son album Let’s Talk About Love, qui contenait la fameuse ballade My Heart Will Go On à jamais associée au film Titanic, confirmait son statut de star planétaire.

«J’ai vu le film huit fois au cinéma et j’ai braillé les huit fois. C’est une des premières tounes que j’ai chantée sur scène», confie Mélanie Boulay, qui demeure une fervente admiratrice de Céline.
«Quand tu sais qu’elle est partie de rien, de Charlemagne, ça permet aux jeunes chanteurs de rêver, au delà du style de musique», enchaîne sa sœur Stéphanie.

Safia Nolin, dans la jeune vingtaine, le clame sur tous les toits. Céline est son idole. «Je suis dans le même bâtiment que Céline Dion. Je suis en détresse. Moi et Josette on va exploser», avait-elle écrit sous une photo qu’elle avait partagée sur les réseaux sociaux lors d’un des concerts de Céline au Centre Bell, l’été dernier.
Dans un concert à Québec récemment, elle avait fait rigoler ses fans en racontant avec humour sa rencontre avec Céline dans les coulisses de l’ADISQ. En spectacle et sur disque, elle reprend un vieux succès de la chanteuse, D’amour et d’amitié.
Une inspiration
Outre Les sœurs Boulay et Safia Nolin, plusieurs jeunes artistes féminines vouent une admiration sans borne à Céline Dion, qui est, pour elles, une grande inspiration.

C’est grâce à leur maman, quand elles étaient toutes petites, qu’Alexe Gaudreault et Rosie Valland, sont devenues des fans de la chanteuse.
«Même si j’écoutais plein de trucs différents dans ma jeunesse, je n’ai jamais arrêté d’aimer Céline. Je me suis toujours tapé un bon All By Myself en me frappant le chest», lance Gaudreault.

«Je me rappelle qu’on écoutait Céline dans l’auto quand on allait voir notre famille à Québec. Quand j’étais jeune, c’est elle qui m’a donné le goût de devenir chanteuse», affirme Rosie Valland.
Quand elle travaillait au Centre Bell, Sally Folk a eu la chance de voir une douzaine de fois en concert celle qui a «tracé la voie pour beaucoup d’artistes qui aspirent à une carrière internationale».
«Elle a toujours été dans une forme désarmante. Être capable de chanter plusieurs soirs consécutifs sans que sa voix ne soit fatiguée, ça m’avait impressionnée», louange-t-elle.


Le passage de Kevin Bazinet dans le clan des admirateurs de Céline Dion est tout récent. C’est à La Voix 2015, quand son coach Marc Dupré lui a demandé une reprise de L’amour existe encore, que le frère de Bobby Bazini est officiellement devenu un fan.
«Si je n’accrochais pas avant, c’est probablement que, plus jeune, je n’avais pas un style musical similaire au sien. Je n’étais pas attiré par sa musique. Il a fallu que je passe par La Voix pour m’ouvrir à ce qu’elle fait. Quand je l’ai vue en show, ça m’a fait capoter. Je me suis dit qu’un jour, je voulais être comme elle, au niveau talent. Elle a une voix puissante, mais elle sait comment s’en servir et est capable d’être très fragile.»
Bazinet a aussi pu apprécier la personnalité de Céline Dion puisqu’il a eu la chance de la rencontrer.
«Elle est tellement terre-à-terre tout en dégageant quelque chose de spécial. Elle a comme une aura autour d’elle. C’est la même personne quand tu la vois chanter, quand tu la vois à la télé ou quand tu la rencontres en personne. Dans le milieu, on la respecte beaucoup pour ça. On voit tellement d’artistes tomber dans la drogue et devenir “too much”, mais Céline a toujours eu de belles valeurs», dit-il.
Même s’il a apprécié Céline sur le tard, Kevin Bazinet avoue qu’une chanson de son répertoire lui a toujours donné des frissons. Laquelle? My Heart Will Go On, bien sûr.
«C’est la première chanson que j’ai apprise au piano. Pour moi, c’est un classique qui ne mourra pas.»


En faisant une place de choix à Céline dans sa trame sonore, Dolan contribuait à briser un tabou. Oui, on peut être jeunes, branchés et aimer Céline.
«Quand j’ai commencé à l’écouter, j’étais trop jeune pour me soucier d’être cool ou non dans mes goûts musicaux. Plus tard, je suis passé à un autre appel et c’est vers 23-24 ans que j’ai recommencé à assumer que j’aimais Céline Dion même si je n’avais jamais arrêté de l’aimer. Je pense que Dolan l’a “hipsterisée” dans Mommy. Il a permis à tous les jeunes hipsters cool de réassumer le fait de l’aimer», analyse Mélanie Boulay, qui forme avec sa sœur Stéphanie Les sœurs Boulay.
«Dolan a endossé Céline pour les hipsters. Un peu comme lorsque Fabienne Larouche et Luc Dionne ont fait appel à Claude Blanchard dans Omertà. À partir de là, il n’a plus jamais été quétaine», note le chroniqueur et gérant d’artistes Mike Gauthier.
On peut aussi citer la participation de Céline au concert en hommage aux victimes de l’attentat du Métropolis, aux côtés d’Arcade Fire, Patrick Watson et autres Louis-Jean Cormier, en octobre 2012, comme un autre moment marquant dans la réhabilitation de la star auprès des jeunes branchés.
«À un moment donné, j’ai arrêté de l’écouter parce que j’assumais moins. Puis, récemment, j’ai réécouté les albums S’il suffisait d’aimer et D’eux et je l’ai redécouverte. Je me suis rendu compte comment elle se servait de sa voix comme si c’était un instrument. En me remettant dans ses vieux albums, j’ai retrouvé des chansons magnifiques. Ce fut un deuxième coup de cœur», confie la chanteuse émergente Rosie Valland.
Observateur de la scène musicale depuis 30 ans, Mike Gauthier croit que la «déquétainisation» de Céline auprès des jeunes s’explique par une sorte de choc des générations.
«Les jeunes artistes me disent qu’ils l’ont toujours vue comme une star internationale qui a réussi et qui a travaillé fort. Alors que beaucoup d’artistes de la génération des années 80 et 90 la voyaient comme une parvenue qui chantait de la pop facile.»
Dolan, fan enflammé
Pour Xavier Dolan, qui fait toujours une large place à la musique populaire dans ses films, il allait de soi d’inclure une chanson de son idole dans Mommy.
«J’ai grandi avec Céline Dion», avait justifié Dolan, dans une entrevue accordée au magazine français Les Inrocks, en 2014. Son amour pour la chanteuse est sincère et il n’a jamais cherché à se moquer d’elle, ajoutait-il. «C’était l’écueil à éviter avec Mommy: rire de Céline Dion, donc rire de mes personnages qui l’écoutent sincèrement. Je connais les personnages de Mommy, c’étaient mes voisins, j’ai grandi à leurs côtés. J’aime leurs idées et je comprends tout à fai
t leur affection pour Céline Dion.»
Et à ceux qui doutent encore, il faut voir la vidéo qui le montre en train de «capoter sa vie» avec son amie Jessica Chastain, lors d’un spectacle de Céline au Centre Bell, pour se rendre compte que Dolan est un fan pur et dur.